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Le problème de la drogue en Russie devient très préoccupant dans le contexte actuel de crise sociale, morale et économique

Oxana DUVALOVA

10 / 1996

Dans la société soviétique, le problème de la drogue était appréhendé comme un thème exotique et considéré comme l’apanage des seules sociétés capitalistes. Mais dans la société russe contemporaine, les pouvoirs publics commencent à reconnaître l’ampleur et la gravité nouvelles qu’a acquis ce phénomène. En 1995 un programme fédéral de lutte contre la consommation et le trafic de drogue a été adopté pour 1995-1997. Mais les flux d’entrée et de sortie de ces substances sont déjà hors de contrôle. L’objet de ce développement est de décrire l’ampleur du problème dans la société russe contemporaine.

Les consommateurs de drogues sont de plus en plus jeunes en Russie : la drogue touche aujourd’hui surtout les enfants et les adolescents livrés à eux-mêmes et en situation de détresse. Selon un sondage cité par le quotidien russe Rossijskaja Gazeta (7 mars 1996)et réalisé à Saint-Pétersbourg, 40% des lycéens se voient régulièrement proposer de la drogue, 80% d’entre eux en ont consommé au moins une fois et 20% en deviennent dépendants.

Les services du Ministère de l’Intérieur avouent leur incapacité à dénombrer le nombre exact de narcomanes en Russie, une seule certitude : la consommation est en hausse. A cet égard, l’augmentation du nombre de prises de drogue lors de contrôles douaniers n’est pas le signe de la meilleure efficacité des Douanes russes, mais l’effet d’une recrudescence des trafics de drogue. Le nombre d’arrestations de détenteurs de cocaïne a été multiplié par 4.5 en 1995 par rapport à l’année précédente. La cocaïne provient essentiellement d’Amérique Latine.

L’opium a deux sources de provenance : l’Asie Centrale et l’Ukraine. La signature d’un traité de libre échange avec le Kazakhstan ne peut d’ailleurs que conduire à une forte augmentation des trafics entre la Russie et l’Asie Centrale. La seule drogue dont le nombre de saisies a décru par rapport à 1994 est l’héroïne. Cependant, c’est loin d’être un signe encourageant : jusqu’alors la Russie n’était que faiblement consommatrice d’héroïne et n’était qu’une zone de transit. Or aujourd’hui l’héroïne est destinée à la consommation interne. Dans le trafic de haschisch, les régions de provenance sont l’Inde, le Pakistan, le Népal. Le haschisch transite par les pays d’Asie Centrale avant d’arriver en Russie. Les drogues synthétiques sont un phénomène nouveau pour la Russie, mais le trafic est en développement rapide : les premières saisies ont été effectuées en Russie en 1994 où 5 sortes de drogue synthétiques ont été découvertes. En 1995, la palette s’est déjà élargie à 11 et le nombre de saisies de ce type de drogue a été multiplé par 7.5. Mais le phénomène le plus remarquable est que la Russie est devenue une base de production importante des matières chimiques et en particulier des acides nécessaires à la production de ce type de substances. Il y a fort à parier que ce trafic va s’accroître dans les années à venir, car dans la Russie contemporaine il s’effectue presque sans entraves. L’insuffisance des contrôles aux frontières, mais surtout l’absence totale de surveillance sur les revenus et les mouvements de capitaux font de la Russie le pays idéal pour le blanchiment de l’argent de la drogue et le transit de la drogue entre l’Asie et l’Europe.

Mots-clés

drogue, géopolitique de la drogue, lutte contre les trafics, production de drogue, trafic de drogue


, Russie

Notes

Les titres des documents cités dans cette fiche ont été traduits du russe ou transcrits en caractères latins. Pour toute recherche, s’informer auprès de France-Oural.

Source

Articles et dossiers

La drogue : une réalité dangereuse in. ROSSIJSKAJA GAZETA, 1996/01/15 (RUSSIE), 7 mars 1996

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