Près de 50.000 adolescents, agés de onze à dix-huit ans, peuplent les peisons russes, et 20.000 se trouvent en détention préventive. Les conditions de vie sont extrêmement difficiles, même si elles sont relativement moins pénibles que celles des adultes. Les bâtiments où sont concentrés les adolescents sont séparés de ceux des majeurs. Par rapport à ces derniers, les adolescents sont moins nombreux par cellules, prévues pour quatre à vingt personnes. Elles sont évidemment surpeuplées. En dehors du nombre de personnes par cellule, les conditions de vie sont identiques : saleté (une douche par semaine au mieux), mauvaise qualité de la nourriture, promiscuité. Deux heures de promenade sont quotidiennement accordées. Les mineurs n’ont le droit ni de travailler, ni d’étudier, ni de recevoir de livres et de journaux de leurs proches. Un quotidien est distribué dans chaque cellule par l’administration. Les bibliothèques prêtent rarement les ouvrages
La diffusion des maladies infectieuses, en particulier de la tuberculose est préoccupante. L’assistance médicale est très insuffisante. Il arrive que des détenus adolescents atteints de tuberculose ne soient pas examinés au bout d’un mois, malgré leurs demandes répétées. Les jeunes filles sont totalement dépourvues de médicaments et d’articles sanitaires nécessaires à leur hygiène et à leur santé
La très grande majorité des mineurs ne dispose pas d’une assistance juridique qualifiée, car il est presque impossible d’avoir les moyens de payer un avocat. Ignorant leurs droits et le sens des procèdures judiciaires, les adolescents sont incapables de déposer une plainte, d’autant plus que c’est très mal vu dans le milieu carcéral.
La surveillance et l’encadrement des mineurs sont insuffisants. De ce fait, la violence est quotidienne dans les cellules : viols, suicides, coups et blessures... Une hiérarchie existe dans les cellules. Deux à trois mineurs, dans chaque cellule, tant chez les garçons que chez les filles, servent d’esclaves et de souffre-douleurs aux autres : ils accomplissent les tâches les plus viles et sont soumis à des brimades indescriptibles. Les souffre-douleurs sont marqués à même la peau de signes déterminant leur statut au sein de la cellule. Ils ne peuvent échapper à leur infortune dans la mesure où, selon les règles informelles de vie carcérale, une demande d’aide à l’administration équivaut à une offense, ce qui se traduit par des brimades supplémentaires de la part de la totalité des détenus.
L’administration des prisons n’ignore pas ces pratiques, même si elle ne les reconnaît pas officiellement. Les adolescents qui subissent la violence de leurs voisins, ne bénéficient pas d’aide médicale ou psychiatrique, même lorsque les traces des sévices sont visibles.
Dans le personnel encadrant, nombreux sont ceux qui pensent qu’il vaudrait mieux ne pas enfermer les adolescents à part et les mêler à la population adulte, afin de diminuer la cruauté à l’oeuvre dans cette classe d’âge. Dans la pratique, et bien que cela soit interdit par la loi, les mineures brimées sont souvent enfermées avec les adultes. De même, dans les cellules d’adolescents, il n’est pas rare que soient enfermés deux détenus adultes afin d’endiguer la sauvagerie.
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, Russie
Source intéressante sur les conditions de vie dans les prisons russes. La bonne foi de l’auteur, proche des milieux dissidents durant la période soviétique, ne peut être mise en doute, même s’il est clair qu’il cherche, par ce document, à convaincre de l’horreur de la vie carcérale. Le centre qu’il dirige est en tout cas la source non officielle la plus crédible dans le domaine en Russie. Il travaille depuis des années sur le sujet et bénéficie du soutien de l’Institut de la société ouverte (c’est-à-dire G.Soros)et du programme Tacis de la Commission Européenne.
Les titres des documents cités dans cette fiche ont été traduits du russe ou transcrits en caractères latins. Pour toute recherche, s’informer auprès de France-Oural.
Texte original
ABRAMKIN, Valerii, centre d'étude de la réforme du pénal et du judiciaire, La recherche d'une issue : criminalité, politique pénale et lieux de détention dans l'espace post-soviétique, Prava Tcheloveka, 1996 (RUSSIE)
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