05 / 1996
Le sondage, mené par Ural-Polis dans une publication scientifique régionale (cf note)porte sur 400 personnes, interrogées lors de quatre périodes différentes : du 3 au 5 décembre 1994 (avant l’envoi de l’armée), du 19 au 21 décembre 1994 (après l’envoi des troupes), du 11 au 13 janvier 1995 (après le commencement du bombardement de Grozny), et du 21 au 22 janvier 1995 (après la prise du palais présidentiel).
Le sondage révèle l’intérêt de la population pour l’évènement. Avant l’envoi des troupes, moins de 10% seulement des personnes interrogées déclarent ne pas s’intéresser à l’événement. Cette proportion baisse au fur et à mesure que le conflit bascule dans la tragédie pour finalement représenter moins de 1% après le début des bombardements.
Que doivent faire les autorités russes? Pour 48% des personnes interrogées lors du premier questionnaire, il faut laisser les Tchétchènes se débrouiller entre eux, alors que 16, 5% se déclarent pour l’emploi de la force et que la même proportion souhaite la négociation avec le pouvoir en place en Tchétchènien, c’est-à-dire le président Doudaiev. Seuls 3,5% des personnes interrogées pensent qu’il faut aider l’opposition tchétchène. Enfin, 16,5% n’ont pas d’avis sur la question. Les partisans de la fermeté se recrutent particulièrement chez les retraités et le personnel des structures commerciales. Après l’envoi des troupes russes, l’usage de la force est approuvé par la même proportion de personnes interrogées, alors que 19% considèrent que la décision prise est une erreur politique, et 20%, un crime politique. 21% doutent : l’envoi des troupes est peut-être une sage décision. Conclusion : l’usage de la force est approuvé par le même pourcentage d’individus qu’avant sa mise en oeuvre. L’opinion est assez éclatée, prouvant une certaine perplexité de la population par rapport à l’événement, du moins jusqu’à la fin du mois de décembre.
Le début du bombardement de Grozny marque un tournant : l’opinion sur l’action des forces fédérales devient de plus en plus négative. L’action de l’Etat russe est une erreur pour 34% des personnes interrogées, et un crime pour 28%. Cela doit être rattaché au contexte général de défiance à l’égard de B. Eltsine, qui s’accroît en janvier 1995. La propagande d’Etat sur la guerre en Tchétchénie ne semble pas fonctionner. Fin janvier, à la question "Qu’est-ce que vous redoutez par dessus tout dans ce conflit?", seulement 20% répondent "les attentats terroristes en Russie", alors que 53% craignent la mort de soldats et 30% la mort de civils dans les zones bombardées.
opinion publique, conflit régional, guerre, conflit
, Russie, Ekaterinbourg
Sondage intéressant, car révélateur de l’évolution de l’opinion russe. A la perplexité succède l’opposition. Celle-ci cependant ne débouche pas sur d’autres formes de contestation (manifestations). En 1995 et 1996, la lecture des quotidiens d’Ekaterinbourg confirme que la sensibilité de la population au conflit s’exprime avant tout par les réactions au rappatriement de cercueils.
Ce sondage est publié dans la publication du fonds des recherches en sciences sociales de l’oural : "Oural : politique, économie, droit", n°1 (10), janvier 1995.
Les titres des documents cités dans cette fiche ont été traduits du russe ou transcrits en caractères latins. Pour toute recherche, s’informer auprès de France-Oural.
Articles et dossiers
DIAKOVA, E.; TRAKHTENBERG, A., Fonds Ural-Polis, Evolution de l'opinion publique à Ekaterinbourg à l'égard des événements en Tchétchénie, Fonds des sciences sociales de l'Oural in. Oural : politique, économie, droit, 1995/01 (RUSSIE), 1 (10)
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