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Bureaucratie et modernisation des sociétés : similarités et différences dans les pays d’Asie

La démocratie en mettant l’accent sur la valeur de l’individu fournit une défense contre l’injustice. Elle ne peut par elle-même guérir de la pauvreté qui relève de la responsabilité collective

Pierre JUDET

09 / 1996

Dans son ouvrage datant de 1981, "The bureaucratic policy modernizing societies", John Girling écrit : "Dans le domaine du pouvoir, deux dimensions sont à considérer : politique d’abord où l’on passe de la concentration du pouvoir entre les mains d’un seul ou de quelques-uns à la diffusion du pouvoir au profit d’un grand nombre. Cela s’applique au pouvoir économique : de la concentration à la diffusion, en termes de production aussi bien que de distribution. Par diffusion du pouvoir économique j’entends une large participation populaire à la production (propriété, gestion ou contrôle)combinée avec une répartition équitable des biens et des services. C’est ce que je considère comme un réel développement. Il n’y a rien d’utopique à cela. Jusqu’à une époque récente, la diffusion du pouvoir économique s’est réalisée dans de nombreuses sociétés traditionnelles fondées sur une paysannerie de petits propriétaires relativement libre et prospère, en Thaïlande par exemple, de la dernière moitié du XIXème siècle jusqu’au premier quart du XXème siècle.

Cela contredit une identification trop facile entre démocratie politique et démocratie économique puisqu’en Thaïlande ont coexisté une large diffusion du pouvoir économique (paysannerie propriétaire)avec un pouvoir politique hautement concentré (monarchie absolue). Un tel découplage entre démocratie et développement a d’énormes conséquences pour aujourd’hui, en référence aux régimes à la fois autoritaires et développeurs de l’Asie de l’Est : en Corée ou à Taïwan.

Dans ces conditions, une question se pose : la démocratie ne peut-elle pas à la limite constituer un obstacle au développement ?

D’autre part, la démocratie devient-elle seulement possible lorsqu’un certain niveau de développement économique a été atteint ? Quant aux pays qui ont atteint un tel niveau de développement sans démocratie, comment peuvent-ils se transformer en régimes démocratiques ?

Cela pose finalement la question : peut-on dire que la stabilité, c’est-à-dire la répression, constitue un préalable au développement ?

Car on est obligé d’admettre qu’en Corée et à Taïwan, aussi bien que dans les Etats communistes, une croissance économique réelle, quelle qu’en soit le coût politique, s’est accompagnée d’une redistribution des fruits de la croissance à une majorité de la population.

Dans des pays comme l’Inde où la pauvreté des grandes masses est perpétuée dans un régime démocratique, la situation est mauvaise et l’Inde ne peut être proposée comme exemple".

L’ouvrage s’achève sur ces questions sans véritable conclusion sinon la suivante : "La démocratie, en mettant l’accent sur la valeur de l’individu, fournit une défense contre l’injustice ; mais elle ne peut par elle-même guérir de la pauvreté, qui relève de la responsabilité collective".

Mots-clés

transition politique, dictature, processus de démocratisation, croissance économique, droits humains


, Asie du sud est, Corée du Sud, Taiwan

Commentaire

Cet ouvrage date de 1981 alors que ni la Corée ni Taïwan n’avaient entamé un processus de démocratisation ; alors que la transition en Chine ou au Vietnam ne se dessinaient pas encore...

Source

Articles et dossiers

GIRLING, John L.S., The bureaucratic policy modernizing societies, Iseas in. ISEAS, 1981 (Singapour)

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