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La démocratie en Thaïlande : l’herbe semble verte mais les racines pourrissent

Les émeutes de Bangkok de mai 92 ont projeté les ONG sur le devant de la scène nationale

Pierre JUDET

09 / 1996

Les émeutes de Bangkok de mai 1992 demeurent un événement marquant. Alors que de premiers compte-rendus ont rapporté que la moitié des manifestants appartenaient à la classe moyenne, un rapport plus récent a montré que la plupart des manifestants appartenaient à la classe ouvrière, disposaient de faibles revenus et avaient un faible niveau d’éducation. C’était pour la plupart des célibataires vivant à Bangkok.

Il semble que les gens de la classe moyenne acceptaient d’être blessés mais non d’être tués. Après mai 1992, peu de choses ont réellement changé :

- ni au Parlement où, après les élections de septembre 1992, il y a trop peu de politiciens honnêtes pour contrebalancer le nombre de ceux qui ne le sont pas ;

- ni dans l’armée où peu de choses ont changé dans l’ensemble du corps des officiers ;

- ni dans les médias en particulier à la radio et à la télévision.

Par contre, les événements de mai ont projeté les ONG sur le devant de la scène nationale. Dès lors que les ONG s’intéressent à des problèmes de long terme, leurs militants ne semblent pas aussi frustrés que d’autres par la lenteur de l’avancée des réformes politiques.

Pour se défendre contre le colonialisme, les rois réformateurs ont modernisé l’Etat, centralisé ses structures et développé une bureaucratie à leur service. Même après la révolution de 1932 qui a fait en principe de la Thaïlande une société démocratique, c’est la bureaucratie centralisée qui a continué à contrôler le développement et l’organisation administrative. Pour les militaires, la démocratie est cause d’instabilité et de risque pour la sécurité nationale, d’où les "coups" pour rétablir l’ordre.

Depuis la Révolution de 1932, la classe moyenne s’est constituée en groupes d’affaires puissants. Alors que paysans et travailleurs qui forment la majorité du peuple ont été privés du droit de créer leurs propres organisations et syndicats, le secteur de l’industrie a bénéficié d’une telle promotion au cours des trois dernières décennies. Ses intérêts sont représentés par 2 agences de grande envergure : The Board of Trade, the Thaï Industries. Par rapport à la majorité privée de droits, ce sont encore les ONG et autres organisations rurales qui revendiquent la décentralisation pour un partage du pouvoir.

Actuellement, plus de 200 ONG s’intéressent aux problèmes de développement tout en proposant des solutions alternatives et en contribuant ainsi à promouvoir la démocratie à tous les niveaux. Une vingtaine de forums, fondations, coordinations permettent aux ONG de se rencontrer et de coordonner leurs efforts.

Mots-clés

mondialisation, Etat, Etat et société civile, mobilisation populaire, processus de démocratisation, transition politique, dictature, démocratie, ONG


, Thaïlande

Commentaire

Le phénomène ONG est en train de se répandre rapidement en Asie du Sud Est en utilisant et en élargissant tous les espaces de liberté nouvellement créés. Ce phénomène mériterait un suivi systématique dans cette région.

Source

Articles et dossiers

Thai Development, 1993 (France), n°22

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