Si les chrétiens et leurs Eglises veulent devenir des instruments efficaces de réconciliation et d’harmonie parmi les peuples, il est nécessaire de réviser quelques-unes des valeurs éthiques et morales en ce qui concerne la vérité, la justice et la liberté
09 / 1996
Ces lignes sont tirées d’un texte publié par la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie en mars 1996.
"La situation présente de conflit et de crise en Asie est une chance et un défi pour les ressources religieuses et culturelles du continent : elle leur offre l’opportunité de chercher des voies pour en sortir. Il y a une prise de conscience croissante parmi les religions et les cultures que les conflits ne doivent pas être nécessairement résolus par l’utilisation de la force ou l’imposition de structures étrangères, mais qu’ils peuvent l’être en activant le potentiel existant, religieux et culturel, y compris celui du christianisme, à l’intérieur du continent. Les Eglises asiatiques ont pleinement conscience qu’elles ne peuvent pas remplir ce rôle seules mais seulement dans une collaboration courageuse et humble avec les autres religions et mouvements en Asie. Enrichies par les traditions théologiques occidentales du passé, elles ont, d’une certaine manière et petitement un rôle de dénonciation des injustices et des oppressions. Ce mode d’action était facilement compris et soutenu par l’Occident chrétien, et pourtant il n’avait pas le potentiel de collaborer avec les mouvements religieux et culturels d’Asie pour agir contre les conflits. Cette incapacité des chrétiens et de leurs Eglises à collaborer plus étroitement avec les autres mouvements asiatiques est due en premier lieu à la représentation du monde et à la vision théologique du passé.
Avec une représentation du monde nourrie de philosophie gréco-romaine (et la théologie qui en résulte), les Eglises tendent à résoudre les questions conflictuelles par l’imposition de la loi de la force et de l’ordre en demandant une justice distributive et en condamnant les personnes à l’exclusion dans des situations irrémédiables.
Par ailleurs, notre position, arrogante et absolue, de seuls juges et critiques de morale, sans collaboration avec d’autres pour résoudre les conflits, nous fait apparaître comme des pharisiens isolés.
Si les chrétiens et leurs Eglises veulent devenir des instruments efficaces de réconciliation et d’harmonie parmi les peuples, il est nécessaire de réviser quelques-unes des valeurs éthiques et morales en ce qui concerne la vérité, la justice et la liberté.
Cet appel à une nouvelle éthique de l’harmonie qui met l’accent sur les valeurs de vérité, de justice et de liberté humaine, ne doit pas être mal interprété comme une réduction du christianisme à un système de valeurs morales et éthiques ou à une sorte de néo-libéralisme. Tout au contraire, un tel accent rendra le christianisme asiatique plus fidèle à l’Evangile et mieux articulé sur le besoin asiatique d’harmonie.
Nous devons produire une théologie cosmique de l’harmonie. L’Eglise doit irradier cette harmonie dans sa relation avec le monde".
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, Asie
La fin de l’expérience des Jésuites Chinois au XVIIe avait brisé la tentative de rapprochement harmonieux de l’Eglise avec la Culture Confucéenne. Il est intéressant de constater qu’un renouveau se dessine au moment précisément où les "valeurs asiatiques" sont de nouveau à l’ordre du jour.
Articles et dossiers
Supplément "Eglises d'Asie", 1996/09 (France), n°227
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