español   français   english   português

dph participe à la coredem
www.coredem.info

dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

L’esprit d’entreprise au Cameroun

Les plus dynamiques des Bamilékés contrôlent une grosse partie des capitaux camerounais

Pierre JUDET

09 / 1996

J.P. Warnier se propose d’analyser l’esprit d’entreprise à l’état naissant dans le cas des entrepreneurs de la première génération, originaires du Cameroun de l’Ouest. (Bamiléké et Bamenda).

Quelques chiffres veulent illustrer l’ampleur de l’accumulation Bamiléké dans la vie économique camerounaise : dans le commerce, les plantations, l’industrie et les services, en s’appuyant sur le recensement de 1976 (!)mais finalement surtout sur des enquêtes menées par d’autres.

Ces entrepreneurs ont commencé en général par être salariés ; l’épargne et la sous-consommation leur permettent d’accumuler. Ils investissent dans la production-distribution à partir, semble-t-il, d’une base agricole.

Les Bamilékés habitent une région à très forte densité de population où le surpeuplement est une cause d’émigration (pour les cadets en particulier). Ils sont très scolarisés. Il s’agit d’une société hiérarchique, inégalitaire, ce qui permet l’accumulation. L’accès à la notabilité passe par l’épisode migratoire et l’accumulation. Ces entrepreneurs font appel au système des tontines qui gèrent de très grosses sommes (pratique fort ancienne). Ces tontines permettent à la fois rapidité d’intervention et insertion dans des réseaux de relations d’affaires.

Alors qu’ils ne représentent que 17% de la population du Cameroun, les Bamilékés contrôlent 35 à 90% des capitaux camerounais selon les secteurs. Car ils ont migré et ont constitué une diaspora urbaine puissante. Mais ils sont tout sauf des déclassés. Ils sont fortement imprégnés d’une civilisation qui structure leur perception, leur désir, leurs conduites. Leur faible niveau de qualification scolaire ne doit pas faire illusion : ils sont parfaitement socialisés dans leur communauté d’origine qui, à défaut de capital financier, les a dotés d’un solide capital culturel qui est une condition sine qua non de leur succès.

Mais le passage à l’entreprise de la seconde génération bute sur les contraintes de l’économie "réelle" et de ses gaspillages. Le passage suppose donc des politiques nationales et internationales qui visent à promouvoir la liberté politique plutôt qu’à démanteler les Etats et à créer une dynamique inverse de celle de l’économie réelle.

Mots-clés

secteur informel, flux de capitaux, transfert de capitaux, petite et moyenne entreprise, inégalité sociale, migration, tontine, financement, culture et développement


, Cameroun

Commentaire

Le titre est prometteur mais l’ouvrage est décevant. Car il s’agit finalement davantage de considérations académiques plutôt que d’une analyse systématique du dynamisme bamiléké. L’auteur s’appuye sur un recensement de 1976, vieux de 18 ans ! Il travaille souvent sur des documents de deuxième main. Son pessimisme déclaré dès le départ se fonde entre autres sur une étude datant de 1975-76 selon laquelle les capitaux bamiléké ne représentent que 3,5% des capitaux investis au Cameroun (p. 273)... alors que l’auteur a commencé par affirmer que les Bamilékés contrôlent 35 à 90% des capitaux camerounais selon les secteurs : contradiction qui mériterait d’être élucidée.

Source

Livre

WARNIER, J.P., L'esprit d'entreprise au Cameroun, Karthala, 1993 (France)

IREPD (Institut de Recherche Economique Production Développement) - UPMF BP 47, 39040 Grenoble Cedex. Tel 04 76 82 56 92. Fax 04 76 82 59 89 - France - web.upmf-grenoble.fr/lepii - lepii (@) upmf-grenoble.fr

mentions légales