Les organisations paysannes prennent en main, de l’amont à l’aval, leurs filières de production
11 / 1996
Au cours de ces dernières années, plusieurs ouvrages rompent avec l’habituelle vision pessimiste sur la situation en Afrique au Sud du Sahara. Des ouvrages écrits par des Africains mais aussi par des observateurs extérieurs. L’ouvrage de Devèze en fait partie. Il souligne par exemple :
1. le succès de la mise en place de la filière cotonnière, grâce à l’encadrement de la Compagnie Française pour le Développement du Textile, qui a su :
- garantir l’achat de la totalité de la récolte ;
- fixer à l’avance le prix au producteur ;
- différencier les prix payés selon la qualité ;
- limiter les fluctuations de prix d’une année sur l’autre ;
- payer rapidement les producteurs à la fin de la campagne.
Grâce à la continuité de son action et à la recherche d’un prix de revient compétitif, la société d’encadrement s’imposa peu à peu comme le seul acheteur, égreneur et exportateur et devint le principal gestionnaire d’une filière intégrée de l’amont à l’aval.
Après les indépendances, l’africanisation progressive des structures n’a pas remis en cause la stratégie de promotion de la culture du coton et des cultures associées.
2. En 1990, les paysans guinéens du Fouta Djalon décidèrent de prendre en charge leur filière "pomme de terre". En 1991, la production dépasse le tonnage correspondant aux contrats de vente à Conakry, la capitale. Il fallut stocker 34 tonnes qui se conservaient mal alors que les importations de la Communauté Européenne continuaient d’affluer. Le problème fut posé à la radio et à la télévision, les ministres furent saisis, le débat s’engagea avec les importateurs et les pommes de terre stockées purent être écoulées sur le marché local. En 1992, le bras de fer recommença mais le leader des paysans fut reçu par le Président de la République qui apporta son soutien. Depuis cette date, les producteurs de pommes de terre qui ont réussi à gagner un marché face à un produit importé, développent leur production.
3. Plus généralement, il apparaît qu’il existe des responsables paysans qui sont aptes à promouvoir, en s’appuyant sur l’organisation du monde rural, des projets communs qui permettent non seulement d’éviter la marginalisation de l’agriculture africaine mais de lui trouver sa place dans les sphères nationales ou internationales. Il s’agit d’une révolution silencieuse qui s’inscrit dans un processus de changement social dont l’objectif est l’émergence d’agricultures paysannes viables.
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, Afrique, Mali, Guinée, Fouta Djalon
Les quelques exemples évoqués dans cet ouvrage pourraient sans doute être multipliés. Les actions efficaces de vulgarisation menées en Asie de l’Est et du Sud-Est sont-elles susceptibles d’être adoptées en Afrique ? La question mériterait d’être posée !
Livre
DEVEZE, J.C., Le Réveil des campagnes africaines, Karthala, 1996 (France)
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