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Echec scolaire et emploi

Chômage pour les étudiants sortants de l’enseignement supérieur, plein emploi pour les apprentis ou étudiants du technique

Pierre JUDET

11 / 1996

Une thèse passionnante a été soutenue il y a quelque temps par un étudiant sénégalais en sciences de l’éducation. Cette thèse porte sur l’étude des sortants d’un collège moyen d’une grande ville du Sénégal, en parallèle avec l’étude des personnels d’entreprises créées dans cette même ville, spécialisées dans la maçonnerie, la menuiserie, la charpente métallique, la serrurerie et la mécanique auto.

Les sortants du collège moyen, à la fin de la 3ème ont été identifiés sur plusieurs années : 95 % d’entre eux sont au chômage, sauf -exceptionnellement- à intégrer un lycée et à poursuivre plus avant.

Au Sénégal, comme en de nombreux pays, le collège ouvrait sur le lycée et finalement à travers le supérieur (ou bien directement)sur une place dans l’Administration ou dans des entreprises publiques. C’était la voie royale. Aujourd’hui l’Administration ne recrute plus, les entreprises publiques sont privatisées : la voie royale est coupée ; les sortants du collège moyen comme les "maîtrisards" sont au chômage.

Par contre, la thèse révèle, après enquête, que plusieurs centaines d’entreprises liées au Bâtiment ou à la réparation automobile, ont été créées dans cette même voie par des entrepreneurs, alphabétisés ou non, qui se sont mis à leur compte et qui ont embauché plusieurs centaines de compagnons et d’apprentis. Il est remarquable qu’ils n’ont embauché aucun sortant du collège moyen mais de nombreux jeunes venant soit de l’école primaire (cycle entier ou non)soit d’écoles coraniques et qui se sont formés ou qui se forment sur le tas...

On a donc, d’un côté, un système scolaire officiel qui conduit au chômage et, d’autre part, un système non pas forcément informel mais officieux qui ne bénéficie d’aucune sollicitude de la collectivité publique.

A l’autre extrémité de l’Afrique, à Madagascar, des centaines de "sortants" de l’Université (sans compter les sortants des lycées et collèges)sont au chômage ; par contre, on s’arrache les sortants d’un établissement technique privé qui conduit jusqu’à BAC + 2 à tous les niveaux de formation technique. D’un côté, les filières administratives ou équivalentes (médecins de la santé publique); de l’autre côté, les filières de l’entreprise et, en particulier, de l’industrie.

La préoccupation première de la colonisation d’abord, des états indépendants par la suite, a été la formation d’un corps de fonctionnaires et d’administrateurs. La promotion des qualifications nécessaires à la constitution d’une économie moderne, industrielle, n’est malheureusement pas encore devenue prioritaire ni prestigieuse.

Mots-clés

formation professionnelle, éducation, enseignement secondaire, chômage, formation et emploi


, Sénégal, Madagascar

Source

Thèse et mémoire

DIOUF, Papa Ndiaye, Université de Lyon II, Périphérie économique et insertion socio professionnelle des scolarisés, 1990 (France)

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