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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Quelques réflexions sur les différences culturelles entre l’Occident et le Japon

Pierre JUDET

09 / 1996

Alors que pour les Occidentaux le temps est linéaire, pour les Japonais, il est circulaire, si bien qu’il y a espérance au coeur de la désespérance. Par ailleurs, la réalité étant précaire, il y a nécessité permanente de s’ajuster.

La culture chinoise est fondée sur la solidarité (cela vaut pour la Chine, la Corée, le Japon); c’est pourquoi dans les entreprises japonaises, on ne licencie pas, car on est en famille.

Les Occidentaux introduisent une séparation nette entre l’Etat et le privé. Au Japon, il y a recouvrement et imbrication sans qu’on puisse identifier une frontière nette. De la même façon, on peut trouver chaque chose au sein de son contraire.

Pour les Japonais comme pour Hegel, le futur est écrit dans le passé. Or, les Occidentaux oublient le passé (par exemple, lorsqu’ils parlent des Droits de l’Homme). Cela explique la neutralité du Japon lorsqu’il est question des Droits de l’Homme, par exemple à l’occasion de la controverse entre les Etats-Unis et la Chine.

Pour les Japonais, c’est la terre qui est sacrée, non le ciel ; d’où l’acharnement à défendre le riz japonais contre l’ouverture aux importations américaines.

Le Japon a été reconnu et apprécié à partir du moment où il a été vainqueur de la Chine en 1895 et de la Russie en 1905.

Les Japonais n’ont pas d’identité sinon l’identité qu’ils tirent de la terre.

Les Japonais qui étaient divisés en clans, proches de la terre, se sont donnés après 1868 un Etat nation pour offrir une "image convenable" aux Occidentaux.

Il faut comprendre le suicide au Japon en admettant que pour un Japonais il n’y a pas de véritable rupture entre la vie et la mort, y compris pour les jeunes gens, de la même façon qu’entre le "Oui" et le "Non".

Autrefois, il n’y avait pas de prison au Japon, les seules condamnations étaient :

. soit la condamnation à mort,

. soit l’obligation de se faire harakiri,

. soit l’enfermement à la maison sous surveillance familiale.

L’occupation américaine a été considérée par les Japonais comme positive même si elle a été la conséquence de la défaite humiliante. L’occupation qui s’est traduite par la destruction des Zaibatsu (grands groupes japonais jusqu’en 1945)et par la réforme agraire a provoqué également l’avancée de la démocratie.

D’ailleurs, il n’y a pas, pour les Japonais, d’opposition tranchée entre ami et ennemi. Les prisonniers de guerre japonais ont été stupéfaits d’être bien traités par les Américains et ils ont été jusqu’à révéler aux Américains l’emplacement de tel ou tel de leurs propres Etat-majors.

Une réflexion du Professeur Mizuno pour terminer : "C’est la Chine qui a l’avenir pour elle car est la mère de la culture asiatique".

Mots-clés

identité culturelle, système de représentation culturelle, culture et pouvoir, développement culturel


, Japon, Asie

Notes

Notes prises par Pierre Judet dans le cadre d’un séminaire du DESS "Gestion et dynamisation du développement", Université Pierre Mendès France.

L’intervenant est professeur de civilisation occidentale dans une université japonaise.

Source

Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,… ; Document de travail

MIZUNO, Pr.

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