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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

De moi à l’autre, de l’autre aux autres, comment se former à apprendre et à construire ensemble ?

Dominique LAURENT

01 / 1996

En 1988, j’ai été invitée par une assistante sociale (personne qui, sur un secteur donné, a pour mission de trouver des solutions aux problèmes individuels et collectifs des habitants)à une réunion des habitants de mon quartier, pour essayer de mettre en place des échanges de savoirs. Il y avait là une cinquantaine de personnes, des hommes, des femmes, des enfants, de nationalités différentes.

Il fallait faire des offres et des demandes de savoirs, c’était gratuit, on pouvait faire nos échanges dans un local, chez les uns, chez les autres et à différents moments que l’on choisissait nous-mêmes en fonction de nos emplois du temps. Pendant quatre ans, j’ai donc offert ce que je connaissais, napperons au crochet, couture, remplir des papiers administratifs, lecture, écriture à d’autres personnes qui voulaient l’apprendre et, j’ai demandé que l’on m’enseigne des savoirs que je ne possédais pas : recettes de cuisine d’autres pays, jouer aux échecs, préparer le thé à la menthe. J’ai voulu m’informer sur l’organisation de ces échanges, une personne bénévole m’a expliqué ce que je pouvais faire pour aider l’équipe d’animation qui s’occupait de faire fonctionner l’ensemble des échanges. J’ai donc commencé à faire des mises en relation entre les personnes qui voulaient échanger, c’est à dire que je les ai réunies afin qu’elles se parlent autour du savoir qui allait être échangé et sur la pédagogie qui serait déployée ; je recevais à l’accueil des habitants du quartier qui étaient intéressés par les échanges et leur expliquais à mon tour le principe de ce Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs.

Petit à petit, j’ai appris que nous participions à un mouvement de plusieurs réseaux qui existaient dans plusieurs villes de France. Des points communs nous reliaient, et notamment une charte qui soulignait la philosophie du Réseau. J’ai lu des livres écrits par les Fondateurs, Claire et Marc HEBER-SUFFRIN, des actes de différents colloques organisés sur le thème de l’échange de savoirs. Plus je découvrais ce Mouvement, plus j’avais besoin d’en connaître plus. Je désirais que cette action continue, que d’autres personnes apprennent à la connaître et aient envie d’y participer à leur tour. Nous étions soutenus par la Caisse d’Allocations Familiales (système de cotisations qui permet de venir en aide aux familles)et pour élargir à d’autres partenaires sur la ville de CREIL (50 kilomètres au Nord de PARIS)nous nous sommes mis en association en Février 1994, ce qui permet d’obtenir des subventions publiques.

En même temps, différentes villes du département où existent des Réseaux se sont reliées en Réseau départemental, j’ai alors pu participer à des formations à thème, où j’ai appris ce qu’était un Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs, comment les présenter à des participants ou des institutions, le repérage de savoirs, la réciprocité. Plus j’approfondissais mon savoir sur ces échanges, plus je m’investissais dans l’association. J’ai rencontré Claire HEBER-SUFFRIN en participant à une journée de formation sur "apprentissage et citoyenneté". Plus j’apprenais dans ces formations et plus j’avais envie d’en connaître d’avantage. Le Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs, association nationale, permet de suivre des formations plus complètes. Je me suis donc rendue à EVRY, dans le sud de la région parisienne, pendant une semaine, pour réfléchir sur la Création Collective. J’ai découvert des personnes qui venaient de différentes régions de France, qui voulaient elles aussi réfléchir sur leurs expériences, sur les effets de l’échange réciproque de savoirs, nous participions à la création d’un projet qui nous semblait immense : un projet de société. Je suis revenue dans mon Réseau, enchantée de cette semaine et j’ai retransmis mon nouveau savoir, mais cela ne me suffisait plus. Il fallait que j’aille plus loin dans ma démarche, dans ma recherche personnelle.

Aujourd’hui, je suis en formation pour sept mois. Eh ! Oui ! Encore une formation me direz-vous. Mais que voulez-vous, plus j’apprends de savoirs différents, plus j’ai envie d’en connaître d’autres et d’approfondir mes connaissances. Je participe donc à une formation de formateurs à l’animation de Réseaux. Je suis parvenue au point de recherche où je veux théoriser ma pratique, je veux être capable de transmettre non seulement en amateur mais surtout en professionnelle. Plus j’avance dans cette formation, plus je me pose des questions. Il paraît que c’est bon signe pur un futur formateur, tant mieux car j’aimerais bien en faire un jour mon métier.

Mots-clés

rapport au savoir, échange de savoirs, réseau d’échange de savoirs, réseau de citoyens, réseau d’échange d’expériences


, France

Notes

Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.

Source

Récit d’expérience ; Texte original

(France)

MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - France - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr

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