Les enjeux dans nos sociétés de complexité croissante : le risque grandit à mesure que la technicité des questions principales s’accroît, tout en prenant souvent la place du politique, c’est à dire d’une vision globale construite par des citoyens responsables, de ne faire appel qu’aux seuls experts. Or, plus l’on a de connaissances sur les choses, soi, la société dont on est membre, plus l’on a de pouvoir sur les choses, soi et la société. L’éducation et la formation permanente de tous par tous deviennent des exigences politiques et éthiques. Les sources et ressources, lieux et agents d’apprentissages se multiplient et se diversifient. Or, le risque est de voir le savoir de plus en plus "marchandisé", et produisant ainsi, de plus en plus, l’exclusion de ceux qui n’ont et n’auront pas les moyens de l’acheter, de le consommer ; ou bien encore de ceux (ce sont les mêmes)qui ne disposent pas de réseaux sociaux suffisamment "instruits", diversifiés dans leurs connaissances et savoir-faire, réseaux où l’on puise, en permanence les ressources nécessaires, réseaux pour lesquels chacun est ressource en savoirs. Il est urgent d’essayer des modes d’accès aux savoirs moins hiérarchisés, plus "appropriables" par les citoyens.
Il est urgent que chacun s’autorise à apprendre, à essayer d’apprendre. Il s’agit de "travailler" à ce que le savoir devienne un "bon objet" pour tous et toujours.
Les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs sont pour moi, à la fois une démarche, un projet, un outil d’éducation et de formation tout au long de la vie. Le mot "démarche" indique un cheminement, un parcours, un itinéraire. Pour être durable, "permanente", dans le temps, c’est à dire "tout au long de la vie", dans l’espace, c’est à dire, dans tous les lieux, moments et activités de sa vie, une démarche de formation doit être construite, réajustée, confrontée et réinventée par celui qui se forme.
Les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs peuvent être considérés comme parcours d’autoformation. Le mot "projet" indique une projection vers l’avenir, éclairée par du sens, signification et orientation, fondée sur des trajets déjà parcourus. "Pouvoir "jongler" avec le temps psychologique, dit J.P. Lepri, mobiliser sans arrêt et facilement passé et futur, qui donnent le sens de la continuité d’un objet ou d’un événement", ici, pourrions-nous dire, le savoir et l’apprentissage. Se former, c’est donner sens à ce qu’on est et à ce qu’on fait. Les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs sont un "faire société" construit sur un principe social et pédagogique de formation réciproque. Le mot "outil" renvoie à la notion de processus organisationnel, élaboration individuelle et collective d’outils et de situation ; construit par les acteurs eux-mêmes et leur permettent autoformation et formation réciproque. La construction de ce processus, la production, la construction, l’organisation, la régulation, l’évaluation par les acteurs, à la fois apprenants et enseignants, du système par lequel ils apprennent, sont facteur de formation et d’éducation tout au long de la vie, redonnent aux citoyens le pouvoir de se former et de contribuer à la formation d’autres citoyens.
rapport au savoir, autoformation, échange de savoirs, réseau d’échange de savoirs, réseau de citoyens, réseau d’échange d’expériences
, France
Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.
Claire Héber-Suffrin est coauteur, avec son mari, Marc, de :
- "L’école éclatée" (1981), réédité aux éditions EPI-Desclée de Brouwer en 94
- "Appels aux intelligences" (1988), Ed. Matrice
- "Echanger les savoirs" (1992),Ed. EPI-Desclée de Brouwer
- "Le cercle des savoirs reconnus" (1993), EPI-DDB.
Texte original
(France)
MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - France - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr