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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Pourquoi des ateliers d’écriture dans les réseaux d’échanges réciproques de savoirs ?

Claire HEBER SUFFRIN

12 / 1994

Depuis 2 ans en France, puis dans d’autres pays européens, en Amérique latine, en Afrique, se développent des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs(RERS). Il s’agit de systèmes collectifs dans lesquels chacune des personnes qui participent offre ET demande des connaissances ou des savoir-faire, où chacun est, A LA FOIS enseignant de ce qu’il offre et apprenant de ce qu’il demande. Les membres des RERS racontent oralement leurs apprentissages réussis dans leur Réseau, les échanges vécus, les événements marquants pour eux-mêmes, des changements personnels. Ils font, individuellement et collectivement, des analyses de leurs pratiques d’enseignement mutuel, ils construisent des situations où l’entraide pour les apprentissages est possible et facilitée, ils essaient, modifient et enrichissent des outils d’organisation de la coopération, de réajustement des pratiques, d’évaluation et d’auto-évaluation. Ces récits, ces témoignages, ces événements, ces analyses, ces outils, ces projets se perdent en grande partie pour le collectif, pour la société, parce qu’ils ne sont pas écrits, transcrits, mis en mémoire. C’est pourquoi, le Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs (MRERS, Association Française des RERS)a commencé à constituer cette mémoire : il a organisé des interviews mutuelles, collecté des écrits existants dans différents réseaux, réalisé des expositions de photos et textes, rassemblé et fait circuler le tout dans les différentes régions. C’était insuffisant, les RERS ne s’appropriaient pas beaucoup, ni le produit réalisé, ni l’idée de l’enrichir. C’était trop statique, peu impliquant, à diversifier ; il semblait surtout urgent que TOUS les membres des RERS puissent, eux-mêmes, dire et écrire cette Histoire, découvrent et construisent le DROIT de le faire et de LA faire. La mise en place d’ateliers d’écriture est un essai, depuis quatre ans, de répondre à cette nécessité. Un atelier d’écriture est un temps et une démarche proposée à un groupe de personnes volontaires pour dédramatiser l’écriture dans une ambiance fondée sur la sécurité et la confiance, pour donner envie d’écrire même à ceux qui n’ont jamais osé et ne s’en croient pas capables, pour apprendre à mieux écrire, apprendre à retravailler un texte, l’art de la rature, et expérimenter qu’écrire, c’est communiquer.

A l’origine, nous étions dix à avoir découvert la démarche d’ateliers d’écriture et nous nous sommes formés avec deux enseignantes de français, expérimentées pour les avoir pratiqués dans leurs classes et intéressées par la démarche des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs (système de formation réciproque où chacun est à la fois enseignant et apprenant, offreur et demandeur de savoir). Cette formation a fonctionné selon le principe de la réciprocité : qui est enseigné, doit enseigner. Les dix personnes, entre chaque séance de formation, organisent, dans leur réseau ou lieu d’action professionnelle ou bénévole, des ateliers d’écriture pour faire vivre à d’autres ce qu’elles sont en train de tenter de s’approprier. Elles ont prévenu les personnes volontaires qu’elles sont bien dans une démarche de tâtonnement.

Certains des textes produits dans ce cadre sont diffusés dans "La Lettre Inter-Réseaux" (le journal du Mouvement : association nationale des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs), ainsi que par les coordinateurs des régions (membre d’un Réseau chargé de créer et entretenir des liens entre les Réseaux de sa région)dans des classeurs exposés dans toutes les rencontres organisées entre les Réseaux.

Puis, j’ai rencontré deux responsables de "La Fondation pour la Lecture, du Crédit Mutuel" (banque coopérative), à qui nous avons proposé d’organiser une formation d’Atelier de Lecture et d’Ateliers d’Ecriture sur tout le territoire national (et en particulier dans l’idée de lutter contre l’illettrisme). Nous avons donc rédigé un projet de formation à l’animation de ces ateliers et de diffusion des ateliers.

La formation : des temps de formation par séquence de trois jours sont organisés : il est nécessaire de participer à six séquences. Il est proposé de s’essayer dans son Réseau à retransmettre et donc de s’approprier les méthodes entre chaque séquence. Ces séquences sont animées par des personnes du groupe de 10 ainsi que par Daniel, membre d’un Réseau, qui a acquis depuis une dizaine d’années une expérience sur l’animation mutuelle d’atelier d’écriture. Dans le même temps, 25 personnes dans ce groupe ont, pour la plupart, animé elles-mêmes des groupes de 10 personnes en moyenne, d’où un début relativement important de démultiplication de ces démarches. Une inspectrice de l’Education Nationale a animé des Ateliers d’Ecriture (et de lecture)auprès d’un certain nombre d’enseignants de sa circonscription qui l’ont eux-mêmes répercuté auprès de leurs élèves.

L’AVENIR DES TEXTES : Dans le groupe de 10 à 15 personnes, nous portons notre réflexion sur les possibilités, les formes, les démarches de restitution, utilisation et valorisation des textes produits par ceux qui ont écrit.

EN CONCLUSION: Nous essayons de constituer à l’intérieur du Mouvement, un Réseau d’Echanges de Savoirs sur l’écriture, fonctionnant sur le principe des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs : chacun est offreur et demandeur de savoirs, savoir-faire, expériences vécues, méthodes, idées, organisations de mises en relation ; Constitution d’une feuille d’offres et de demandes réactualisée en permanence, ouverture du Réseau, gestion par un groupe de coordination, mises en commun des motivations qui ont marché, des jeux d’échauffement, des productions pour une plus grande diffusion. Chaque personne formée s’engage à animer des ateliers d’écriture dans son réseau pendant un an. En parallèle, nous souhaitons constituer des groupes d’écritures longues (Nouvelles, livres, etc.)pour produire des ouvrages individuels ou collectifs sur les Réseaux ou sur des itinéraires dans les Réseaux.

Mots-clés

échange de savoirs, réseau d’échange de savoirs, réseau de citoyens, réseau d’échange d’expériences, autoformation


, France

Notes

Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.

Claire Héber-Suffrin est coauteur, avec son mari, Marc, de :

- "L’école éclatée" (1981), réédité aux éditions EPI-Desclée de Brouwer en 94

- "Appels aux intelligences" (1988), Ed. Matrice

- "Echanger les savoirs" (1992),Ed. EPI-Desclée de Brouwer

- "Le cercle des savoirs reconnus" (1993), EPI-DDB.

Source

Texte original

(France)

MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - France - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr

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