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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

La recherche collective de base, une expérience autoformatrice

Nous vous contons notre histoire, nos luttes et notre espérance

Henryane de CHAPONAY

08 / 1994

Nous avions repéré un certain nombre d’acteurs engagés dans des associations locales à qui nous avons proposé, à un moment donné, de rentrer dans une démarche de recherche de leur propre identité, en la confrontant avec d’autres.

Deux aspects essentiels de cette démarche sont à souligner :

- Le pari de la réciprocité comme moyen et espace pour se former, mieux expliciter le projet personnel et collectif et en augmenter ainsi l’efficacité.

- Partir de quelques principes et critères méthodologiques, mais tout élaborer et affiner pas à pas avec l’ensemble des acteurs concernés.

Onze expériences associatives locales ont ainsi été confrontées au cours d’un processus de travail qui s’est étalé sur presque quatre années. Elles étaient représentatives de beaucoup d’initiatives de même type et se trouvaient enracinées dans cinq pays différents : Brésil, Chili, Vénézuela, Espagne et France. Non seulement il fallait communiquer à partir de trois langues différentes (espagnol, français et portugais)mais aussi de "langages" différents (expressions, mots et codes différents dans une même langue).

Cette expérience a marqué une étape dans le parcours méthodologique et la réflexion du CEDAL. En effet, quelques groupes n’avaient pas, jusque là, bénéficié d’autres opportunités de sortir du contexte local pour construire des échanges au niveau international.

Une personne de chaque équipe associative a joué le rôle d’animateur de son groupe, pour dynamiser le travail et s’assurer d’une bonne communication avec un animateur national extérieur au groupe, qui avait à établir la relation entre les expériences d’un même pays, proposer des moments de travail en commun et être une personne-ressource pour chaque groupe, capable aussi d’aider à la circulation des informations et des réflexions qui remontaient des autres groupes des différents pays.

Ces cinq animateurs nationaux (un par pays)formaient, eux aussi, un groupe de travail qui, mettant en commun les réflexions et événements provenant du terrain, devaient en restituer les aspects essentiels aux différents groupes. Cette équipe d’animateurs avait pour tâche de préparer les rencontres sur le terrain et les moments d’échanges en salle pour confronter entre elles les expériences des différents pays. Chaque association a restitué par écrit son histoire, puis identifié les problèmes rencontrés.

L’ensemble complexe de ces relations, qui se sont établies sur un effort de l’écrit mais aussi avec des temps de confrontation directe sur le terrain, a culminé dans un effort d’évaluation du chemin parcouru par chaque association et par l’ensemble des acteurs, dans leur relation et rôles respectifs.

Ce fut pour tous un parcours long et difficile, parsemé d’obstacles mais aussi d’avancées intéressantes.

Une publication collective présente chaque expérience participante et retrace la mémoire commune de ce processus collectif d’apprentissage. Le texte a été rédigé à partir des évaluations faites par les acteurs de ces 11 associations locales; il est revu par tous ceux qui en sont les véritables auteurs et illustré par les photos des différents moments vécus dans ce parcours.

Les principaux apprentissages de cette expérience viennent confirmer et compléter les observations faites lors des stages-rencontres (voir "Echanger, confronter, se former : un défi permanent dans l’aventure du développement", CEDAL 1990):

- l’évaluation comme faisant partie intégrante d’un processus de formation, provoquant réflexion et débat.

- la communicantion sous toutes ses formes, à la fois au niveau de la circulation des informations et des savoirs, mais surtout par la différence de signification des codes, des mots et des gestes d’un milieu interculturel et d’une langue à l’autre.

- L’importance des spécificités culturelles et des représentations sociales, avec toute leur charge affective.

- La nécessité d’apprendre à travailler avec les différences de tous ordres, ce qui signifie développer la qualité de l’écoute et un effort de reconnaissance de l’autre et de son contexte pour mieux le comprendre, le travail sur sa propre identité se constituant dans la relation à la spécificité des autres.

- La question des rythmes différents et de la durée dans des processus d’apprentissage, surtout dans la mise en place de dispositifs complexes.

- La nécessité de tenir en compte simultanément la personne et le groupe. La croissance personnelle est interactive avec la qualité d’un collectif. C’est là un problème central de la vie associative où se jouent de façon forte, souvent implicite, les problèmes de pouvoir.

- L’intérêt de pouvoir compter, à certains moments, sur un regard extérieur pour aider à prendre du recul et formuler de bonnes questions. C’est le rôle de miroir indispensable pour évaluer ses propres comportements, préciser ses idées et éviter de tomber dans la routine.

- L’importance de travailler la mémoire personnelle et collective pour reconstituer l’histoire d’un groupe avec la variété des points de vue des différents acteurs. Se ressaisir de son passé est nécessaire pour comprendre le présent et construire des projets d’avenir. Dans le cadre de cette expérience, le travail sur l’histoire du groupe a été décisif pour évaluer le chemin parcouru, les erreurs commises, les obstacles surmontés et, en même temps, prendre conscience de l’importance de programmer les activités sur la durée, tout en se donnant les moyens de gérer les imprévus.

- La prise en compte du contexte politique, socio-économique et culturel est indispensable pour situer chaque expérience, en mesurer et relativiser l’impact.

L’interaction entre un projet et son environnement est complexe, souvent imprévue.

Mots-clés

évaluation, éducation populaire, interdépendance culturelle, autoformation


, Brésil, France, Espagne, Chili, Venezuela

Notes

Voir la série des fiches précédentes, intitulées "Plate-forme d’éducation populaire"...

Source

Articles et dossiers

CHAPONAY, Henryane de, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE, Des savoirs qui circulent : une éducation qui se repense in. COMUNICANDO, 1994/05/00 (France), N°25

CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org

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