La face cachée de la modernité agricole en France : faillites et sous-rémunération des agriculteurs
10 / 1995
L’agriculture en difficulté, ce n’est pas une fatalité. C’est la résultante de certains choix de politique agricole qui placent l’agriculture dans une économie de marché, depuis la mise en place de la PAC dans les années 1960 : agrandissement des exploitations, augmentation constante du volume des productions, diminution du prix de l’alimentation pour le consommateur. Avec pour conséquence pour le producteur : nécessité d’avoir recours à des capitaux de plus en plus importants, surproduction, baisse des prix.
La situation s’est aggravée au début des années 1980 (date à laquelle on commence à parler d’agriculteurs "en difficulté")à la suite de la baisse du taux de l’inflation, devenu inférieur à celui des emprunts bancaires. Face à cette détérioration de la situation des paysans, leurs prestataires de services et leurs fournisseurs ont durci leurs exigences, accentuant encore cette fragilité.
Combien sont-ils, ces agriculteurs en difficulté ? Au moins 12 % des exploitations en 1990, auxquelles il faut rajouter 40 à 50 % de familles paysannes gagnant moins que le SMIC. Et il ne faut pas oublier que la profession agricole détient le triste record du taux de suicides...
Des réactions de solidarité et de défense se sont progressivement mises en place, par le biais d’associations créées pour cela, émanant du milieu rural, regroupées sous le sigle "Associations SOS Agriculteurs en difficulté" et grâce au courant syndical d’opposition au modèle productiviste (Confédération paysanne en particulier). La mobilisation a surtout démarré dans l’Ouest où la situation est la plus difficile.
Parallèlement, les pouvoirs publics ont mis en place des mesures, à partir de 1982, mais leurs effets sont restés insuffisants : elles ne permettent que de panser des plaies superficielles et ne peuvent sauver que les exploitations ayant des difficultés mineures (problèmes passagers de trésorerie). Les aides auraient plus profité aux créanciers qui, de leur côté, ont fait peu d’efforts (remises de dette non effectives).
Jusqu’en 1990, les procédures judiciaires (dépôts de bilan)sont peu adaptées à l’agriculture. Enfin, la corresponsabilité de la banque et de l’environnement agro-alimentaire dans les difficultés des paysans n’est pas mise en cause.
La Confédération paysanne et les associations SOS Paysans luttent pour aider ces exclus, mais surtout pour éliminer la cause en prônant la mise en place d’une agriculture paysanne.
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, France
Livre
THOMAS, Francis, FPH=Fondation Charles Leopold Mayer pour le progrès de l'homme, Agriculture en difficulté. Problèmes économiques et sociaux des paysans en France : état des lieux, FPH in. Dossier pour un Débat, 1991/12 (France), N°10
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