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Regards africains sur la pauvreté en France

Notes de travailleurs sociaux africains sur les services d’aide sociale

Pierre Yves GUIHENEUF

11 / 1995

Trois travailleurs sociaux du Sénégal et du Zaïre, au terme d’un séjour de six mois dans le département de l’Yonne, portent un regard décapant sur la pauvreté et les services d’aide sociale.

Comment, s’étonnent-ils, est-il possible que le personnel des services sociaux ne réside pas parmi la population en difficulté ? Est-ce à dire que celui-ci considère seulement son travail comme un travail, et non pas comme un engagement personnel supposant abnégation et disponibilité ? Eh oui... Et tant pis si certains travailleurs sociaux n’ont qu’une vision tronquée, particulièrement assistencialiste, des gens qu’ils prétendent aider.

Pourquoi, s’interrogent-ils, cet acharnement des organismes d’aide sociale à étiqueter et classer leurs "clients" ? Il est vrai que cela permet de mieux gérer une clientèle chaque jour plus nombreuse, mais est-ce que cela contribue vraiment à résoudre efficacement ses problèmes ? Est-ce que cela permet de prendre en compte les spécificités de chacun pour trouver des solutions à sa mesure ?

Que signifie la seule prise en compte des besoins et des manques des personnes en difficulté ? Pourquoi n’est-il jamais fait mention de leurs potentialités : réseaux de solidarité, capacités d’innovation, compétences professionnelles, environnement social et culturel... Le "client", contraint de se présenter sous un angle peu valorisant, s’en trouve parfois en plein désarroi.

Absurdité des logiques institutionnelles, absence d’innovation, esprit de guichet, déshumanisation de la population : autant de travers dénoncés avec vigueur par des Africains qui se demandent si l’aide sociale ne contribue pas à maintenir dans l’assistencialisme une population marginale plutôt qu’à libérer son potentiel de créativité et de solidarité. Soutenir et accompagner les initiatives de populations en difficulté ne serait-il pas, à long terme, plus profitable ? Quelques expériences, menées notamment par des associations, montrent que c’est possible.

Plus largement, les services publics d’aide sociale ont-ils une autre fonction que celle de corriger les disfonctionnements d’un système économique qui produit en permanence de l’exclusion ? Les travailleurs sociaux et les associations n’ont-ils pas là un devoir d’interpellation ?

Mots-clés

pauvreté, exclusion sociale, lutte contre la pauvreté, population défavorisée, politique sociale, travail, accompagnement social, solidarité, service social, logement, relations sociales, culture et développement, coopération internationale


, France

Commentaire

Sans pour autant vouloir réinventer l’aide sociale en France, ces observateurs perspicaces s’interrogent avec pertinence sur ses dérives. Un regard décalé dont l’utilité n’échappera pas à ceux qui croient que des pays dits pauvres, nous avons bien des choses à apprendre.

Source

Rapport

FALL, Coumba, N'DAO, Makhtar, KUYOWA, Pezi, Regards africains sur la pauvreté en France, FPH, 1989 (France), Document de travail n° 7

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