Médecins, agronomes et éducateurs face au défi de la malnutrition : une expérience en Equateur
10 / 1995
Journaliste, l’auteur de ce récit nous invite à la découverte d’un projet de développement peu ordinaire dans la région de Quito, en Equateur. Peu ordinaire, car mis en place à l’initiative d’un groupe de responsables des universités de médecine et d’agronomie, soucieux de coordonner l’action des futurs professionnels qu’ils avaient la charge de former. Ces enseignants avaient fait un double constat. D’abord, les jeunes médecins et agronomes ne savent pas travailler ensemble sur leur objet commun : la lutte contre la malnutrition. Leurs différences d’approche et de méthode les conduisent à des actions séparées et peu cohérentes. Ensuite, ils ne sont pas préparés à travailler avec des paysans, c’est-à-dire à les traiter comme des partenaires dans des actions à réaliser ensemble. Finalement, leur savoir - ce savoir si long à acquérir et dont ils sont si fiers - ne les aide pas à communiquer, ni avec d’autres professionnels, ni avec les bénéficiaires de leur action.
Pour ces responsables universitaires, le constat est rude... Comment réformer les contenus et les méthodes de formation ? C’est là que, grâce à des collaborations judicieuses, germe l’idée : en s’impliquant avec les étudiants dans une action sur le terrain, une sorte de projet-pilote où on pourra expérimenter dans la réalité l’utilité de la pluridisciplinarité et de la participation paysanne. Une expérience autour de laquelle on confrontera les savoirs des uns et des autres pour mieux les faire se compléter. Un projet duquel on retirera des enseignements qui viendront à leur tour alimenter la formation des étudiants.
Cobayes, les paysans ? Pas si simple. Le choix de la participation entraine les responsables dans une dynamique complexe qui donne aux communautés paysannes un rôle moteur dans le déroulement du projet. Au fil des années, celui-ci accumule les réalisations, élargit la perspective initiale pour embrasser la dynamique du développement dans son ensemble. Bientôt, une spécialisation universitaire spécifique aux problèmes nutritionnels et commune aux agronomes et aux professionnels de la santé est créée à l’Université de Quito. A terme, l’objectif des promoteurs du projet est de former une nouvelle génération de professionnels spécialistes des questions alimentaires, capables de mettre en place des projets mieux adaptés à la réalité du terrain et faisant une plus large place à la participation paysanne.
L’intérêt principal de ce livre est de montrer comment ces grandes ambitions se concrétisent autour d’un champ de maïs, comment la pluridisciplinarité est vécue au quotidien par les étudiants, comment la confrontation des savoirs et des approches prend corps à partir de la construction d’un silo ou de la fabrication du pain. A travers les déclarations des médecins, des infirmières, des agronomes, des instituteurs ou des paysans, on découvre peu à peu la réalité d’un projet que chacun s’approprie à sa façon, où chacun trouve son compte en restant à l’écoute des attentes des autres.
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, Équateur
Ouvrage également disponible en espagnol : La ruta de los Andes, Instituto Juan César Garcia, Gregorio de Bobadilla. Quito, Equateur, 1995. On peut également consulter, sur les aspects méthodologiques du projet, la Dossier pour un débat n° 49 "Former pour transformer" (FPH, Paris, 1996), également disponible en espagnol à Quito.
Livre
HARDY,Yves, La route des Andes, Syros alternatives, 1993 (France)
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