Un macédonien épinglé par les gardes-frontières suisses : les mains sur le mur, il se soumet à la fouille réglementaire. Des tsiganes, retenus dans un centre de transit de Francfort : ils attendent qu’on statue sur leur sort. Des somaliens bloqués en Russie, à mi-chemin de leur parcours vers l’Ouest. Un kurde refoulé par la France : le regard désabusé, assis devant une pancarte en carton où on a écrit "où sont les droits de l’homme ? ".
Et puis d’autres images, celles de grèves de la faim, celles de manifestations, celle de ces ombres qui se rassemblent sur un terrain vague en Italie. Scènes de violence retenue, aussi, quand de jeunes Allemands s’en prennent à un foyer de demandeurs d’asile. Des images fortes et des textes incisifs pour peindre la réalité des réfugiés...
Sont-ils, finalement, si nombreux ? Non, mais l’augmentation brutale de leur nombre ces dernières années a pris de court les services administratifs et une société déjà sur la défensive. Alors l’Europe ferme ses frontières. Insidieusement. Sans vraiment remettre en cause les déclarations d’intention et les principes humanistes, mais en rognant dans les faits le droit d’asile. Plutôt que de bâtir une politique d’immigration cohérente et s’attaquer aux racines du racisme, on tente de multiplier les obstacles devant les refugiés. "C’est comme si, déclare Daniel Cohn-Bendit, constatant que l’antisémitisme était à la hausse, on décidait de réduire le nombre de juifs"...
Ceux qui font les frais de ce repli frileux ne sont pas les mieux armés pour en assumer les conséquences. Outre un passé fracturé et un avenir à reconstruire, ils portent le chapeau de la crise économique. Des vies cabossées que nous ne percevons plus. Des hommes, des femmes, des enfants dans lesquels on ne voit plus des "frères humains", mais des menaces pour notre tranquillité...
La question du droit d’asile est mal posée. Il ne s’agit pas de calibrer les mailles des filets que l’on tend à nos frontières mais d’équilibrer le partage des ressources de la planète et de favoriser la construction de systèmes politiques garants de liberté, de participation, de respect des droits de chacun. On peut se rassurer en multipliant à court terme les chausses-trappes devant les réfugiés, mais on ne gèrera la question de l’exil que par des mesures d’une autre ampleur.
réfugié, droits humains, droit humanitaire, personne exilée, politique d’immigration
, Europe
Livre
BUHRER, Michel, PERREGAUX, Christiane, TRANSITS, SYROS ALTERNATIVES, 1993 (France), Collection Regards Mosaïques
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