09 / 1997
Dans le cadre de la mise en place des programmes de l’association Enfants Réfugiés du Monde, nous pouvons nous interroger sur les conditions d’application des programmes d’autopromotion - dynamique développée par un groupe pour subvenir à ses propres besoins - pour les réfugiés.
Quels sont les objectifs de l’autopromotion dans le cadre du refuge?
1/ Eviter la dépendance aussi bien économique, sociale que culturelle
2/ Favoriser la restructuration sociale dans le cadre d’une situation instable et traumatique -exil, refuge-
3/ Préparer l’avenir, en favorisant le sentiment d’appartenance communautaire et à travers une mobilisation collective doter les individus de bagages politiques et culturels pour une prise en charge ultérieure.
Les problèmes rencontrés dans l’application et les résultats dépendent essentiellement de la complexité de la situation.
Quelles sont les limites posées par l’auto promotion ?
->Les considérations humaines :
Les ressources humaines : on note que 80% des réfugiés sont des femmes et des enfants et qu’ils représentent une population très vulnérable. On remarque aussi que les réfugiés sont souvent d’origine rurale, que leurs compétences sont diverses et qu’il est donc difficile de les faire converger vers un programme commun. Les conditions psychosociales ne favorisent pas l’engagement des réfugiés dans des projets et rendent la mobilisation collective difficile. En effet chacun développe des stratégies individuelles pour survivre.
->Les variables physiques
Les modalités d’implantation des réfugiés, spontanées, organisées en camps dans les villes, les campagnes etc., déterminent voir limitent les modalités de l’autopromotion.
->Les limites institutionnelles et politiques
L’attitude des gouvernements des pays accueillants, l’existence d’un mandat HCR ou non, la situation internationale, les enjeux géopolitiques définissent le champ du possible pour les acteurs de l’autopromotion.
->Le cadre temporel de l’intervention : de l’urgence au développement
On peut envisager 3 phases : la phase de l’urgence et de la migration concrétisée par le passage de frontière, les premiers secours, qui se déroule pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois. Suit la phase de stabilisation qui peut durer des années pendant laquelle le refuge est organisé, les infrastructures mises en place, les distributions de nourriture contrôlées, etc. La dernière phase est soit le rapatriement, soit l’intégration, soit le départ sans un pays tiers.
c’est pendant la deuxième phase que les projets d’auto-promotion peuvent être développés; après la situation de crise pendant laquelle ilfaut répondre aux besoins humanitaires des populations, on passe à la phase de développement destinée à réduire la vulnérabilité de la communauté.
Les modalités de mise en oeuvre des programmes d’auto-promotion
Il y en a 3 principales -et complémentaires- :
- Les activités génératrices de revenus et favorisant l’autonomie économique (artisanat, cultures vivrières...)
- La formation professionnelle afin d’enseigner des compétences transposables dans d’autres lieux;
- la participation des réfugiés à l’administration de la communauté
Concrètement, ces différentes modalités sont réalisées au travers d’ateliers, de coopératives, d’associations de femmes, de formations, d’organisations politiques, sociales, culturelles, etc.
réfugié, autonomie, développement autonome
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La mise en place des programmes d’auto-promotion dépend de l’incitation exogène de départ, de l’adéquation des programmes par rapport aux besoins, d’où l’importance de l’écoute, du dialogue et de la connaissance du milieu des ONG initiatrices. Ceci afin d’avoir une vision à long terme pour une meilleure viabilité du programme. Il faut d’autre part être vigilant quant au risque de l’émergence d’une nouvelle dépendance à l’auto-promotion.
L’auteur de la fiche est responsable de programme à ERM.
Texte original
ERM (Enfants Réfugiés du Monde) - 34 rue Gaston Lauriau, 93512 Montreuil cedex, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 48 59 60 29 - France - erm (@) erm.asso.fr