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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

L’énergie de l’avenir s’appelle énergie solaire

Un scientifique s’adresse aux non-spécialistes

Ina RANSON

08 / 1995

Le livre de Carl Jochen Winter, ancien directeur du département énergie de la Deutsche Forschungsanstalt für Luft- und Raumfahrt (DLR), est écrit dans un langage simple et constitue un appel aux responsables, car, exlique l’auteur, leurs décisions ont une portée plus longue qu’ils ne calculent. "Les problèmes actuels produits par l’industrie ont leur origine dans des décisions d’investissement qui ont été prises hier et dans des décisions technologiques qui ont été prises avant-hier ; dans le meilleur des cas, ces problèmes seront contrecarrés par des mesures prises demain, et leur efficacité se révèlera éventuellement après-demain."

Pour Carl J. Winter, le manque de communication entre les savants qui comprennent un peu mieux les évolutions en cours, et ceux qui ont les moyens de faire avancer les changements nécessaires, est un problème crucial. Ce n’est encore que timidement que certains gouvernements mettent enfin en place des institutions chargées d’étudier les conséquences engendrées par l’introduction de nouvelles technologies. "Pendant 200 ans, notre civilisation a négligé de prendre en compte les effets complexes, chimiques et physiques, exercés sur la biosphère et sur la société par les activités industrielles".

Le fabuleux progrès technologique s’est fait sans qu’on ne fasse attention à l’énorme gaspillage des ressources : encore aujourd’hui, 85% de l’énergie introduite dans l’économie mondiale se perd en réchauffant ou en polluant l’atmosphère et seulement 15 % sert les objectifs tels que le chauffage, l’éclairage, la production, les transports ou la communication.

Carl J. Winter propose que la prise de conscience de ces problèmes nous incite à plus d’humilité. Il serait temps de relativiser nos exploits et de reprendre contact avec une sagesse millénaire. Les anciens pueblos indiens et les habitations arabes montrent comment, avec les seuls moyens du solaire passif, il était possible de maintenir les températures à l’intérieur des maisons, entre 15°C et 25°C, et ceci au désert où les températures grimpent jusqu’à 50°C en été et descendent jusqu’à moins 20°C en hiver. L’architecture moderne ne fait pas mieux. Pourquoi hésitons-nous à recourir aux nombreux moyens disponibles pour réduire notre gaspillage en rationalisant au maximum l’utilisation de l’énergie primaire ? Winter montre que tous les paramètres indiquent qu’il est grand temps de préparer une économie de croissance qualitative à faible consommation d’énergie et de matières premières.

Face à l’épuisement prévisible des ressources et face aux divers risques écologiques, l’humanité est obligée d’entrer dans une "deuxième civilisation solaire post-fossile". Les systèmes énergétiques fonctionnant à l’énergie solaire ont l’avantage de se passer des matières premières combustibles et donc de ne guère générer de déchets. Spécialiste des technologies de pointe, Carl J. Winter en dresse une vue d’ensemble insistant sur les très grands potentiels qui restent à explorer. Mais déjà de nombreux résultats de la recherche attendent d’être exploités par les industriels.

Carl J. Winter déplore une certaine stagnation du développement, parce que même des prototypes tout à fait fiables ne franchissent pas le seuil du laboratoire. Le seul argument que les milieux professionels et politiques y opposent est leur prix trop élevé. Argument basé sur des critères non adaptés et à courte vue : l’exploitation à grande échelle de l’énergie solaire s’imposera dès qu’on intègrera enfin dans les calculs la diminution des matières premières, les coûts écologiques et sociaux de leur utilisation et leur potentiel de risque.

Carl J. Winter est d’avis qu’il faut dès aujourd’hui développer au maximum toutes les composantes du solaire en incluant la recherche sur l’utilisation de l’hydrogène qui permettra le stockage et le transport de l’énergie. Au lieu d’investir des sommes colossales dans la fission nucléaire, trop incertaine encore et non adaptée aux besoins réels, il serait mieux de concentrer les efforts sur les "néga-watts" (l’utilisation rationnelle), et les énergies renouvelables en envisageant les objectifs suivants :

1. l’énergie sera utilisée de préférence là où elle est produite

2. un système de distribution régional permettra de transporter les énergies produites sur de courtes distances.

3. ensuite seulement il faudra recourir au commerce international de l’énergie. Le stockage et le transport seront assurés de préférence par l’hydrogène.

Mots-clés

production d’énergie, électricité, information scientifique, gestion des ressources naturelles, impact sur l'environnement, utilisation rationnelle de l’énergie (URE)


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Notes

Carl J.Winter, né en 1934, est professeur titulaire d’université et auteur de nombreux livres et articles sur l’énergie solaire et sur l’utilisation de l’hydrogène solaire. Il dirigea, entre 1976 et 1991, le département énergie de la Deutsche Forschungsanstalt für Luft- und Raumfahrt (DLR)et fut, entre 1988 et 1992, membre du comité de direction du Centre de Recherche sur l’Energie Solaire et l’Hydrogène du Bade-Wurttemberg, également à Stuttgart. Actuellement, il est directeur adjoint du "forum pour les énergies de l’avenir" à Bonn, et membre de la commission parlementaire d’enquête sur l’effet de serre.

Source

Livre

WINTER, Karl Jochen, Die Energie der Zukunft heisst Sonnenenergie, Droemer Knaur, 1993 (Allemagne)

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