06 / 1995
La Fédération Nationale des Artisans du Mali (FNAM) est une structure socio-professionnelle créée par des artisans en décembre 1993.
Renforcer les liens entre les associations d’artisans, appuyer leurs initiatives, défendre les intérêts de ses membres par une représentation nationale auprès des autorités politiques et administratives, tels sont les objectifs que s’est fixés la FNAM. Elle est dirigée par un bureau exécutif national. 48 associations de plus de 22 corps de métiers la composent. « Chaque association est autonome tant sur le plan organisationnel que sur le plan financier » explique le président de la FNAM, Yacouba Coulibaly.
Il est étonnant de constater qu’il a fallu attendre décembre 1992 pour que les associations d’artisans du Mali se fédèrent. Il faut dire que ce n’est qu’en avril 1991 qu’a été créé le Ministère de l’Artisanat. Jusqu’alors rattachés à la Chambre de Commerce et d’Industrie, les artisans étaient confrontés aux problèmes d’ordre institutionnel, juridique, économique. Pourtant, l’artisanat est un pan essentiel de l’économie du pays. « Elle occupe 80% de la population ! » dit, en boutade, le président de la FNAM. Aucune organisation structurée n’était là pour défendre leur cause. Pour combler ce vide, 5 associations du District de Bamako se sont regroupées pour former la Fédération d’Artisans de Bamako. Ces associations étaient appuyées par le Bureau International du Travail (section dite du « secteur non structuré ») depuis 1982. Puis, fut créée la FNAM.
La première action de la Fédération a été d’organiser en mai 1993 la Semaine de la Créativité Artisanale, première foire exclusivement artisanale. Jusque là, les artisans profitaient occasionnellement des foires industrielles et commerciales pour exposer leurs produits.
Puis, les artisans fédérés ont participé à l’organisation de la grande foire FEBAK organisée par la Chambre de Commerce à Bamako en décembre 1993.
Chaque année, la FNAM participe au Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou, le SIAO.
La FNAM est aussi amenée à négocier des marchés pour ses membres. Ce fut le cas pour la commande de mobiliers scolaires passée par le Bureau des Projets Education, puis pour celle des kiosques du nouveau marché de N’Golonina à Bamako, ou encore pour les points de vente du tout nouveau Pari Mutuel Urbain (PMU-Mali).
En raison de son objet, la FNAM collabore avec différents pans du secteur privé mais elle est aussi sollicitée par l’administration publique et même par les structures politiques.
Sur le plan institutionnel et juridique, la FNAM a mis en place avec l’administration le Code de l’artisanat. « C’est d’ailleurs l’acte de naissance de l’artisanat, sa reconnaissance. Le code définit qui est artisan ou qui ne l’est pas » affirme M. Coulibaly.
Les artisans jugent leurs taxes très lourdes. En effet, ils cumulent les charges imposées aux entrepreneurs et aux commerçants. Pour améliorer cette situation, la FNAM en collaboration avec le Ministère de l’Artisanat et le Ministère des Finances et du Commerce, a proposé l’instauration d’un impôt synthétique seulement pour les artisans, et l’idée a été retenue.
La Fédération a aussi été consultée sur la création de la Chambre des Métiers. Elle a participé à l’élaboration du décret de loi donnant naissance à cette institution.
La FNAM, par son impact, représente les artisans au Conseil Economique, Social et Culturel. Elle a un rôle de négociateur pour les artisans vis-à-vis des différents pouvoirs. Réciproquement, elle joue aussi le rôle d’interlocuteur.
La Fédération a aussi pour vocation d’organiser et de former les artisans. Elle initie des programmes de formation en collaboration avec des structures d’appui non gouvernementales ou des écoles de formation technique telles que le Centre du Père Michel ou le Centre de formation professionnelle. Elle a ainsi organisé des séminaires de formation en gestion de micro-entreprises, en marketing, et des formations techniques notamment en menuiserie et en mécanique.
Comme la Fédération n’a pas le budget nécessaire pour atteindre, seule, ses objectifs, elle fait appel à différentes structures mises en place elles-aussi pour développer le secteur. Citons la Boutique de Gestion qui s’occupe de l’élaboration de petits projets, les 5A (Action d’appui pour l’autopromotion et l’animation des artisans) qui organise les artisans, ou Swiss Contact qui, elle, se charge de la formation technique.
L’impact de la Fédération Nationale des Artisans du Mali sur le terrain lui a donné une certaine reconnaissance au niveau national. La Fédération a contribué à combler le vide juridique et le manque d’organisation dont le secteur de l’artisanat souffrait. « Les échos même de la création de la FNAM ont donné au secteur un nouvel élan. Le fait de parler au nom des artisans, des groupements d’artisans, a facilité la formation de nouvelles associations ou de groupements d’intérêt économique » constate le président.
La Fédération a acquis une notoriété qui dépasse les frontières. En effet, elle est devenue une source d’inspiration pour les artisans de pays voisins. D’ailleurs, une délégation burkinabé en visite à Bamako en 1993 a qualifié la FNAM de « modèle en matière d’organisation ». L’impact de la Fédération Nationale des Artisans du Mali sur le terrain lui a donné une certaine reconnaissance au niveau national.
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, Mali
La politique de création de sociétés et entreprises d’Etat au Mali des dernières décennies a été un échec. Le manque de moyen a constitué l’obstacle majeur à cette politique. Pour pallier cet échec, l’Etat a ensuite misé sur la promotion de petites et moyennes entreprises. L’artisanat entre tout à fait dans ce secteur. La FNAM, dont les actions contribuent à l’essor du secteur « petites entreprises », mérite donc aujourd’hui la considération des planificateurs du développement.
La FNAM est apolitique et autonome. Elle fait pourtant l’objet d’une grande sollicitation de la part des autorités politiques, administratives, ainsi que des opérateurs économiques, ce qui ne semble pas la faire dévier de ses objectifs. Cette résistance est toute à son honneur !
Cette fiche a été réalisée sur la base d’une enquête effectuée entre 1994 et 1995. L’ensemble dans lequel elle s’inscrit a fait l’objet par la suite d’une publication séparée, sous le titre : On ne ramasse pas une pierre avec un seul doigt : organisations sociales au Mali, un apport pour la décentralisation, FPH; Centre Djoliba, juillet 1996. S’adresser à la Librairie Fph, 38 rue Saint-Sabin, 75011 Paris.
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