DÉMOCRATISATION, UNE OCCASION D’AFFAIRES
Comme la majorité des pays du continent américain, le Brésil est en train de restructurer ses systèmes d’information, de communication et de télécommunication afin de se conformer aux exigences de la globalisation. Les changements sont visibles dans l’implantation accélérée des nouvelles technologies dans les régions développées du pays, dans les amendements constitutionnels et juridiques issus de la privatisation des télécommunications et dans la capacité de négociation de la société.
C’est à cette dernière catégorie qu’appartient le Forum national pour la démocratisation de la communication (FNDC), un mouvement composé de travailleurs en télécommunication, de journalistes des média dominants, d’étudiants en communication, d’artistes, d’intellectuels, de femmes, de syndicats, de partis politiques et d’ONG. Le FNDC réunit environ 44 comités régionaux et compte sur la participation d’institutions sociales de grande importance dans l’histoire récente de la démocratie au Brésil. A ses débuts, le FNDC lançait un débat national sur le monopole des communications et sur la signification du contrôle des mass média par TV Globo. Dans les deux dernières années, la réorganisation des systèmes de communication et d’information a fait apparaître de nouveaux défis. Afin d’y répondre, le FNDC proposait, entre autres, la modification de la réglementation constitutionnelle (qui garantit la création d’un Conseil national de la communication), la Loi sur la câblo-diffusion (sur le droit d’accès aux média), la Loi sur l’information démocratique (sur le droit des citoyens face aux média dominants)et la Loi sur la radiodiffusion communautaire (sur le droit de communiquer au niveau local).
Une meilleure organisation et la qualité des données recueillies par le FNDC ouvrent des possibilités pour entreprendre des pourparlers entre le Ministère des communications, les législateurs, les gens d’affaire du monde des médias et les secteurs représentés par le Forum.
Bien sûr, le processus devient de plus en plus complexe du fait même de la rapidité avec laquelle se développent les télécommunications, la nécessité de faire du lobbying et l’impact qu’ont ces ouvertures sur la société. Dans le cas du Brésil, nous devons aussi tenir compte de son histoire particulière : l’arrivée de l’industrie culturelle, le développement des télécommunications, de l’appareil légal, des concessions octroyées pour la télévision, la radio, la télévision par câble et la télévision payante, de l’utilisation de satellites domestiques et des liaisons internationales et par micro-ondes. Tout cela est apparu entre 1960 et 1980 sous le régime militaire et pour le seul bénéfice du marché. La situation est d’autant plus compliquée que 98 des 513 politiciens et législateurs du présent Congrès, y compris des ministres et des gouverneurs d’État, sont les propriétaires de ces concessions. Pour ces gens, la communication publique et d’État ainsi que le droit à l’information et aux fonds publics et privés qui permettraient aux citoyens d’être présents dans tous les aspects des télécommunications sont des questions sans importance.
Pour certains, le FNDC se bat contre un Goliath contemporain. En vérité, il y a de plus en plus de négociations, de discussions, de recherches, de lobbying, de voix qui se font entendre et, surtout, de plus en plus de jeunes qui participent. Même si l’avenir est incertain, l’augmentation des connaissances et de l’information est exponentielle.
communication, processus de démocratisation, médias, droit à l’information, système de communication, télécommunications
, Brésil
Régina Festa est membre du Conseil d’administration de Vidéazimut. C. élec. : rdfesta@usp.br
Fiche traduite en anglais et en espagnol.
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