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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Moi aussi, je veux un silo

Fabrication de silos familiaux pour le stockage du maïs dans une communauté rurale andine

Nadia CHALABI

08 / 1996

Objectif : réduire les pertes au stockage du maïs doux

Dans la région de San José de Minas, en Equateur, la culture du maïs constitue le produit de base de la production autour duquel s’organise la vie économique, familiale et communautaire. Le maïs doux, cultivé dans une logique de subsistance, est consommé tous les jours, sous diverses formes. Mais, gardé dans le grenier situé au-dessus du plafond de la pièce principale, il est attaqué par les charançons. La lutte par pulvérisation de malathion, habituellement pratiquée par les paysans, est dangereuse sur le plan de la santé et insuffisante. Aussi, les familles sont-elles obligées de consommer rapidement le maïs, voire d’en vendre une partie à bas prix pour éviter des pertes trop élevées. Rapidement, l’amélioration des conditions de stockage du maïs est devenue un thème d’intervention prioritaire du programme ANDES, mis en place dans cette région en 1988 avec pour objectif l’amélioration de l’alimentation des familles rurales (1).

Efficacité technique/ efficacité économique des silos : de l’utilisation de bidons de pétrole à la formation d’artisans

L’équipe de ANDES a commencé à mettre en commun idées et résultats d’expérience, à analyser les échecs de petits essais de silos de stockage. Cela les a conduit à opter pour la conception de silos en métal, à partir de bidons de pétrole, solution économique et adaptée à la capacité de stockage requise pour une famille moyenne de 5 personnes (4 à 5 quintaux équatoriens, soit 200 à 250 kilos de maïs). Les bidons sont peints à l’intérieur et à l’extérieur afin de diminuer les écarts de température, posés sur des pieds, munis d’un couvercle hermétique au sommet et d’une trappe en sa partie inférieure pour l’écoulement des grains. Parallèlement, le gastoxin (phosphamine)est proposé en remplacement du malathion.

Afin d’évaluer l’efficacité du binôme silo-gastoxin par rapport au grenier-malathion, 20 silos ont été installés dans 20 familles, sous l’auvent de la maison ou à l’intérieur afin de l’abriter des intempéries. Un suivi du grenier de ces familles fut également effectué. Au bout de 3 mois, le taux de dommage était en moyenne de 30 % dans les greniers, et nul dans les silos. Mais le prix de revient d’un tel silo - 30 dollars - équivaut aux pertes de grains en grenier. Afin de diminuer ce coût, l’équipe de ANDES a fait construire les silos par des élèves d’un collège technique industriel, proche de la zone. Malheureusement, le prix du transport était plus coûteux que celui de la main d’oeuvre économisée. Par ailleurs, se procurer des bidons auprès des pétroliers est devenu de plus en plus difficile. Finalement, l’utilisation de tôles galvanisées et de soudures à l’étain, permettant une construction plus simple, a donc été proposée, et deux paysans ont été formés à ce travail. Dans ces conditions, le coût est passé à 24 dollars pour une capacité de 200 kilos et à 30 dollars pour une capacité de 360 kilos.

Vers une diffusion des silos ?

Pendant la phase d’essais, les résultats techniques encourageants avaient été diffusés par le bouche à oreille et aussi au cours de réunions. D’autres familles ont souhaité acquérir un silo : "Grâce au silo, nous arrivons maintenant à faire la jonction entre les deux récoltes", "Moi aussi, je veux un silo". Mais la généralisation du silo comme moyen sûr de conservation ne sera possible que si les difficultés inhérentes au coût et à la définition d’un mode de paiement adapté sont surmontées.

Mots-clés

économie rurale, agriculture familiale, agriculture vivrière, stockage agricole, protection des récoltes, maïs, traitement phytosanitaire, souveraineté alimentaire, recherche action, étude comparative, innovation technique, technologie appropriée


, Équateur

Commentaire

Les auteurs commentent : "si [les paroles des familles]font plaisir à entendre, elles vous encouragent à aller plus avant, à dépasser la simple réponse technique à un problème et à s’engager dans les mécanismes plus complexes... Ces actions ne doivent pas être menées en dehors des bénéficiaires et encore moins sans tenir compte des interactions des phénomènes naturels et de la dynamique sociale. C’est grâce à elles, au travail et à la pensée créatrice que la technologie avance.... L’extension des silos [doit être]étroitement liée à la vie quotidienne des paysans. Le silo doit devenir un maillon sûr dans la chaîne entre la production et l’autoconsommation du maïs doux. C’est alors seulement que le "Moi aussi, je veux un silo" trouvera un écho concret à l’intérieur de la communauté."

Notes

(1)ANDES= Alimentación, Nutrición yDesarrollo (Alimentation, Nutrition et Développement)

Principaux partenaires du projet :

Facultés des Sciences médicaleset des Sciences agronomiques del’Université Centrale de Quito (UNC), EQUATEUR

Instituto Juan César Garcia(spécialisé en sciences sociales et de la santé), Casilla postal 17-11-6292, Quito, EQUATEUR/Tel 593 (2)455 797 Fax 593 (2)464 412 E-mail : admin@ijuga.ecx.ec

CIE= CentreInternational de l’Enfance, Château de Longchamp, 75016 Paris, FRANCE. Tel (33)1 44 30 20 00 Fax (33)1 45 25 73 67

Source

Articles et dossiers

ESPIN, Eduardo; CAÑAR, Eduardo, Alimentation, nutrition, développement en Equateur. Maïs, père et mère, CIE in. L'enfant en milieu tropical, 1995 (france), 200-221

ALTERSYAL (Alternatives Technologiques et Recherche en Systèmes Alimentaires) - Coronado, San José, COSTA RICA c/o CIRAD-SAR, 73 rue J.F.Breton - BP 5035- 34032 Montpellier cedex 1. FRANCE - Tél. 04 67 61 57 01 - Fax 04 67 61 12 23

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