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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Entreprises paysannes, vieille tradition et défi moderne

Introduction à des études de cas de la région Amérique Latine et Caraïbes

Nadia CHALABI

09 / 1996

L’agroindustrie rurale (AIR)(1)n’est pas seulement le maillon entre la production et la consommation de produits agricoles transformés. C’est "l’activité qui permet d’augmenter et de maintenir dans les zones rurales la valeur ajoutée de la production des économies paysannes grâce à l’exécution d’activités post-récolte sur des produits provenant des exploitations agro-pastorales..." Ainsi, elle contribue au renforcement des économies paysannes. On recense dans la région Amérique Latine et Caraïbes plus de 5 200 000 unités de transformation*, qui approvisionnent en denrées de base une population rurale et urbaine à revenus essentiellement moyens ou faibles. Un appui efficace au développement de cet AIR doit tenir compte de sa diversité: types de transformation, organisations socio-économiques,caractéristiques culturelles, marchés... Les domaines d’action sont vastes: amélioration des produits et des procédés, approvisionnement en intrants, conditionnement, organisation de l’entreprise, gestion, crédit, commercialisation, impact sur l’environnement.... Ils concernent des activités de recherche et d’études (recensements et diagnostics des AIR existantes, mise au point de produits nouveaux, études de filière...), de formation et d’assistance technique (production, commercialisation,gestion...), d’information. /La compétitivité des AIR doit s’appuyer sur leurs ressources techniques, appréhendées dans leur dimension humaine. Les techniques sont conçues et utilisées par l’homme et pour l’homme. J. Muchnik les définit comme des"organisations humaines où l’homme interagit avec la matière et l’environnement, en utilisant des équipements ou des outils pour produire un effet donné." Elles représentent un potentiel considérable à exploiter. Par exemple, on dénombre au Costa Rica 400 à 450 moulins à canne produisant du "sucre créole", produit largement diffusé dans d’autres zones d’Amérique Latine sous des appellations diverses : panela, rapadura... Un diagnostic socio-technologique de ces ressources doit servir à identifier les variables qui les caractérisent et conditionnent leur évolution temporelle et spatiale (dans le cas de la panela: variété de la canne, type de moulin, efficacité énergétique des foyers, formes de commercialisation ...). Il aboutit à des actionsde valorisation de ces ressources (par exemple, amélioration de systèmes de broyage de la canne, utilisation des sous-produits). La dernière étape consiste à faciliter la diffusion de ces innovations, notamment dans les pays où des problèmes similaires ont été identifiés. /Par le biais de la valorisation de ressources techniques, et par des actions visant à renforcer l’intégration des produits agroindustriels sur les marchés, l’agroindustrie rurale peut contribuer à améliorer l’alimentation urbaine et rurale. C’est ce que révèle par exemple l’analyse du procédé de nixtamalisation du maïs ou cuisson en milieu alcalin : en libérant la niacine contenue dans la graine, ce procédé, largement répandu chez les Mayas et les Aztèques, a réduit les problèmes nutritionnels (se manifestant par la pellagre)de ces populations. Un autre exemple est donné par l’amarante, céréale hautement nutritive, mais qui est actuellement en "voie de disparition" à cause de ses inconvénients technologiques (très petite taille des grains)et de son inadéquation à l’évolution de la consommation urbaine (concurrence des "produits modernes" comme le blé ou le riz). La transformation peut également permettre de valoriser les excédents de la consommation en frais. Cependant, les marchés de l’agroindustrie rurale sont en général étroits et instables et les producteurs sont souvent dans l’impossibilité de toucher de manière adéquate les consommateurs. D’où la nécessité de maîtriser non seulement les coûts de production (pour répondre au niveau économique du marché visé)mais aussi de tenir compte des modes de consommation, et de dépasser les limites des filières actuelles de commercialisation. Rappelons que l’enjeu est de taille : en Amérique Latine et Caraïbes, près de 260 millions de personnes vivent en situation de pauvreté (2)./*Estimations des auteurs d’après différents recensements,diagnostics et études de cas, établies par pays, régions ou secteurs.

Mots-clés

alimentation, économie rurale, diffusion des techniques, amélioration des techniques traditionnelles, étude de cas, recherche et développement, développement rural, tradition et modernité, lutte contre la pauvreté


, Amérique Latine, Antilles

Notes

(1)L’AIR= Agroindustrie ruraleest un thème de recherche-développement majeur en Amérique Latine, conduit par :

- IICA=Institut Interaméricain de Cooperation pourl’Agriculture. Apartado 55, 2200, San José, COSTA RICA. Fax (506)229 47 41

- CIRAD-SAR=Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le développement-département Systèmes Agroalimentaires et Ruraux.Adresse : cf. ALTERSYAL

Ces organismes collaborent au sein du PRODAR=Programme Coopératif de Développement de l’Agroindustrie Rurale en Amérique Latine et Caraïbes.

Contacts : AQUINO, Carlos(directeur général de l’IICA),BOUCHER, François(directeur exécutif du PRODAR, IICA/CIRAD-SAR), MUCHNIK, José(CIRAD-SAR),RIVEROS, Hernando, PRODAR Area AndinaCarrera 15, N° 85-76, Ofic. 303, Santafé de Bogotá, COLOMBIE

(2)PNUD, 1990. Desarrollo sin probreza. Primera conferencia regional sobre la pobreza en América Latina y el Caribe. Quito. EQUATEUR.

Source

Livre

BOUCHER, François; MUCHNIK, José, Agroindustria Rural : Recursos técnicos y Alimentación, 1995 (Costa Rica), 1; <BOUCHER, François>(PRODAR/CIRAD-SAR/IICA)et <RIVEROS, Hernando>(PRODAR Area Andina). <La agroindustria rural en América Latina y el Caribe : presentación general>. In : idem réf. précédente. p. 35-62

ALTERSYAL (Alternatives Technologiques et Recherche en Systèmes Alimentaires) - Coronado, San José, COSTA RICA c/o CIRAD-SAR, 73 rue J.F.Breton - BP 5035- 34032 Montpellier cedex 1. FRANCE - Tél. 04 67 61 57 01 - Fax 04 67 61 12 23

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