La situation socio-économique dans les départements d’outre-mer est particulièrement difficile au regard des critères habituels, par exemple à la Réunion : taux de 37 % de chômage, 40 000 RMIstes, croissance démographique....
A LA REUNION, UNE SITUATION DE L’HABITAT MARQUEE PAR L’"HABITAT SAUVAGE"
La situation du logement est fortement marquée par l’habitat insalubre et le développement de l’habitat spontané : nombreux sont ceux qui construisent leur propre habitation au fur et à mesure des besoins de la famille (jeunes couples, extension de la maison à la venue d’enfants...). Bien qu’illégal, ce mode de construction est "légitimé" par un droit d’usage du sol (occupation familiale antérieure, autorisation d’implantation d’une autorité municipale...). C’est un phénomène social en tant que tel.
Pour autant, s’il répond à des besoins, il est souvent problématique : construction en zones à risques, mitage des terres agricoles, occupations illégales de terrains urbains, conditions d’habitation précaires (absence d’assainissement, d’eau, d’électricité), surpeuplement, fragilité de la construction... Le maintien de cette forme d’économie "familiale" est lié aussi bien à l’insuffisance de l’offre de logements qu’à l’inadéquation des produits ou des localisations proposés par rapport aux attentes des ménages.
DEPUIS 8 ANS, UNE POLITIQUE DE LOGEMENT SOCIAL FAVORISE A LA FOIS L’AUTO-CONSTRUCTION ET L’ACCESSION
Prenant en compte ces éléments et la nécessité de résorber l’habitat insalubre, une politique de Logements Evolutifs Sociaux (L.E.S.)s’est mise en place.
Il s’agit de permettre l’accession des ménages, même démunis, et ainsi de réglementer les lieux d’habitation et les normes de construction minimales. Un financement (sur une ligne budgétaire unique en gestion déconcentrée)est accordé sous certaines conditions :
- des normes minimum d’habitabilité (les normes du code de la construction, auxquelles s’ajoutent les normes un peu plus strictes qui permettent l’octroi de l’allocation logement),
- la surface considérée est évolutive (plus importante que la surface habitable, elle permet au ménage d’agrandir au fur et à mesure de ses besoins),
- les ménages doivent rendre l’habitation plus confortable par leur propre travail.
Le coût moyen des 12 000 logements construits depuis 1986 est de 280 000 F pour des surfaces évolutives d’environ 80 m2. Les subventions peuvent aller jusqu’à 50 % du total, complété par un prêt bancaire classique et un apport en travail. Les départements et territoires d’Outre-mer ne bénéficiant pas de conventionnement (donc pas d’aide personnalisée au logement), le droit à l’allocation logement est ouvert (dans ce cas plus favorable que l’Aide Personnalisée au Logement).
Cette solution financière permet de prendre en compte une réalité sociologique locale (habitudes, masse de pauvreté...)tout en essayant d’améliorer les conditions de vie de la population concernée.
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, France, La Réunion
POUR QUELS RESULTATS ?
D’une évaluation portant sur 500 ménages accédants en L.E.S. à la Réunion, il en ressort une dynamique positive. Les incidents de remboursement sont peu nombreux dès que les problèmes techniques de départ sont réglés, l’appropriation du logement est très rapide : 90 % des familles terminent leurs finitions dans l’année qui suit l’emménagement. L’allocation logement n’est quasiment jamais stoppée pour cause de surpeuplement au contraire du logement locatif collectif, puisque les ménages peuvent augmenter la taille du logement selon leurs besoins.
L’accompagnement social n’est pas systématique dans les opérations classiques. Il l’est par contre dans les opérations de Résorption de l’habitat insalubre et d’insertion (RMI...)qui font environ les 2/3 des constructions en L.E.S. Au-delà d’une position morale sur l’accession à la propriété, il s’agit donc bien d’une politique publique en faveur des plus démunis.
Le niveau de revenu n’est pas un critère d’orientation du ménage vers un statut d’occupation : d’autres considérations et notamment le mode de vie et le projet résidentiel du ménage sont des éléments bien plus déterminants.
Jean-Marie GLEIZES travaille au CREPAHcentre-est, tel 78 77 01 30
Entretien avec GLEIZES, Jean Marie
Entretien ; Document interne
cf Document : "l'accession très sociale" appel de propositions "un domicile pour les sans-abris" : où et comment habiter" document provisoire Crepah Août 95.
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