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Le médiateur, ses qualités, ses compétences et son statut

Le médiateur en questions

04 / 1996

1)Quelles sont les qualités du médiateur ?

Savoir écouter est certainement la première qualité du médiateur. Egalement, il devra pouvoir faire abstraction de ses opinions ou valeurs personnelles qui ne doivent pas peser dans le processus de médiation. Le médiateur n’a pas de conseil à donner.

2)Le médiateur doit donc être neutre. N’est-il pas alors trop distancié du problème vécu par les parties ?

Le médiateur est neutre en ce sens qu’il ne prend pas parti pour l’on ou pour l’autre ; mais on peut mieux dire en précisant qu’il est entièrement avec chacune des parties qui s’expriment. Il est partial avec l’une puis avec l’autre. En ce sens il est humain, présent au problème vécu par chacun.

3)Le médiateur est-il capable de tout entendre et de faire abstraction de ses sentiments ?

Dans le même ordre d’idée, le médiateur n’est pas un surhomme. Il connait ses limites et devra pouvoir s’arrêter à temps et renvoyer vers d’autres intervenants. Souvent la présence d’un co-médiateur permet d’assurer un bon équilibre et est le gage d’une médiation qui "respire". De la même manière, le médiateur aura besoin de "décharger" les émotions qu’il a accumulées lors de la médiation à travers un échange en équipe, voire une supervision.

4)Le médiateur (r)établit la communication. Que faire si une des parties rompt ? Si la médiation n’aboutit pas ?

Le conflit appartient aux parties en présence. Dans tous les cas, le médiateur aura à respecter les silences, les reculs, les ruptures, les échecs. Il aura l’humilité nécessaire pour considérer l’éventuel accord comme une étape dans les relations entre les parties.

5)Le médiateur doit-il être spécialement formé ?

Cette question entraîne des réponses controversées. Pour certains, tout le monde ou à peu près possède les capacités pour être médiateur et pourra se mettre au service de la collectivité dans laquelle il vit. Pour d’autres, la médiation requiert un apprentissage assez complet qui fait du médiateur un professionnel.Il semble en tous cas qu’un minimum de qualités soient nécessaires et que certaines personnes, au regard de leur expérience de vie, en possèdent plus que d’autres.

6)Le médiateur est-il un concurrent du juge ?

Il faut plutôt parler de rapport complémentaire entre le médiateur et le juge. Les pays anglo-saxons appliquent depuis parfois assez longtemps cette articulation justice-médiation. La médiation n’est pas la panacée et certains conflits ne ressortent que d’une intervention traditionnelle de la justice.

7)De qui le médiateur doit-il tenir son mandat ?

On peut imaginer des médiateurs mandatés et rémunérés par les pouvoirs publics, la justice par exemple. On peut également envisager des médiateurs privés exerçant une activité indépendante. La question de leur légitimité est alors posée. Mais on peut dire que le premier mandat du médiateur procède des parties en conflit elles-mêmes.

8)Finalement, le médiateur n’est-il pas le nouveau sorcier d’une société en désarroi ?

Il est certain que la tentation de pouvoir est grande pour le médiateur dans la mesure où il est mis sur le devant d’une société qui cherche dans la privatisation des rapports sociaux une alternative à la chose publique. Le médiateur est un intervenant capable plus qu’un autre de relativisation et de remise en question.

Mots-clés

médiation, médiateur, prévention des conflits


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Notes

François Bazier est à l’Université de Paix de Namur (Belgique)

Source

Livre

BAZIER, François, La médiation, Non violence actualité, 1993 (France)

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