04 / 1996
La médiation familiale, que l’on peut également appeler la rupture, offre au couple qui se sépare, ou ne vit plus ensemble, la possibilité de décider lui-même de son sort et de celui de sa famille. Elle lui permet de résoudre ses conflits et d’arriver à s’entendre sur les questions d’autorité parentale, de droit de visites et de sorties, de pension alimentaire et de partage des biens. Cette entente doit tenir compte de l’intérêt des enfants et de la satisfaction de chacun des conjoints. C’est un processus qui laisse aux parents leur pouvoir de décision sur l’avenir de leurs nouvelles relations parentales.
Le médiateur doit amener le couple d’une logique de guerre, celle dans laquelle il rencontre les parents le plus souvent, à une logique de négociation, qui prendra en compte les besoins de chacun, parents et enfants. Tiers neutre, il n’est là pour faire gagner ni le père ni la mère et agit autant au niveau du processus qu’au niveau du contenu des entretiens de médiation. La médiation offre un cadre de négociation structuré. Le médiateur fixe les règles du jeu. Il détermine l’agenda, fixe le temps et l’ordre de discussion. On va commencer à discuter, par exemple des enfants, et on ne discutera pas en même temps des aspects financiers. Bien que les deux soient inextricablement liés, on ne peut pas parler en même temps de deux choses, sinon on n’arrive pas à bout des contradictions. Le travail du médiateur va effectivement inciter le couple à développer des options, des solutions propres. Pour chaque option proposée, il aide le couple à en imaginer les avantages et les inconvénients.
Le médiateur favorise très tôt une attitude de coopération, qui est souvent très différente des relations antérieures des ex-conjoints, plutôt axés sur la confrontation et les prises de position trop rapides et intransigeantes, avec des attitudes de gagnants-perdants ou encore des silences éloquents. N’oublions pas que c’est au moment où un couple se sépare, c’est-à-dire au moment où il a le moins de dialogue qu’il doit prendre des décisions, donc parler. Or, ces décisions sont souvent des décisions gagnants-perdants où on ne prend pas le temps d’imaginer plusieurs options. Le médiateur va prendre le temps, avec le couple, d’élaborer toutes les possibilités.
Le médiateur a en charge les sujets de discussion et la manière de les discuter, mais non le contenu des décisions qui appartient au couple. Il doit encore arrêter des discussions au moment où le blâme et les menaces prédominent. Une des règles de la médiation est : On-. Je parle bien entendu au niveau symbolique, bien que j’aie vu, une fois, un homme venir avec un vrai pistolet... Je ne sais pas si c’était pour tuer le médiateur ou pour tuer sa femme !
Le médiateur doit redéfinir, reformuler de manière positive des points de vue ou encore aller chercher des commentaires d’un partenaire qui ne s’exprime pas. Bien souvent, les parents qui sont en conflit ne se rendent même plus compte qu’ils ont des points d’accord. Ils sont seulement en train de se bagarrer alors que la solution est entre leurs mains, mais ils ne la voient plus. Le médiateur a encore pour rôle d’équilibrer le pouvoir en favorisant l’échange d’informations sur les données financières du couple et les modalités de l’autorité parentale. Comme il n’est ni avocat, ni notaire, ni fiscaliste, le médiateur peut, et doit renvoyer aux professionnels appropriés, lorsqu’une question relève d’autres compétences, comme par exemple lorsqu’il s’agit de connaître les répercussions fiscales. A ce niveau-là on travaille très souvent aussi en co-médiation, avec un médiateur formé aux sciences humaines et un médiateur formé en sciences juridiques.
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La médiation s’adresse à ceux qui veulent régler eux-mêmes leurs conflits, qui veulent assumer leurs responsabilités de parents plutôt que de la transmettre aux avocats ou aux juges. Est-ce à dire qu’elle ne peut-être que volontaire ? Ne pourrait on pas imaginer un entretien de médiation "obligatoire", au tout début de toutes les procédures concernant des questions de séparation ou de divorce ? L’objectif de cet entretien étant d’informer le couple sur ce qu’est la médiation, avec ses avantages et ses limites. Pour cela, il faudrait que l’ensemble du système - avocats, magistrats, travailleurs sociaux... - soient convaincus de l’intérêt de la médiation pour le couple, les enfants et la société toute entière.
Annie Babu est Présidente de l’Institut européen de médiation familiale(IEMF, 71, rue St Jacques, 75005 Paris)qui organise des formations de médiateurs familiaux. Tél : 51 59 50 50 ou (1)44 07 22 58.
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Articles et dossiers
BABU, Annie in. Non violence actualité, 1995/10 (France), 195
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