Dans le programme adopté par les gouvernements lors du Sommet de la Terre (Rio de Janeiro, juin 1992)l’objectif général au niveau de l’action sur l’eau est défini comme suit : Faire en sorte que l’ensemble de la population de la planète dispose en permanence d’un approvisionnement suffisant en eau de bonne qualité tout en préservant les fonctions hydrologiques, biologiques et chimiques des écosystèmes, en adaptant les activités humaines à la capacité limite de la nature et en luttant contre les vecteurs des maladies liées à l’eau. Pour cela, sept domaines d’action ont été proposés.
1)Evaluer les ressources en eau. Il s’agit d’établir des bilans des quantités disponibles et potentielles, ainsi que de la qualité de ces eaux. Ceci permettrait notamment de prévoir les disparités éventuelles entre l’offre et la demande. Il faudrait en tenir compte pour mettre en oeuvre une politique de gestion de l’eau.
2)Protéger les ressources et les écosystèmes. Les pays sont appelés à évaluer les conséquences des diverses utilisations de l’eau sur l’environnement, à appuyer les mesures qui permettent d’éviter les maladies d’origine hydrique et à protéger les écosystèmes. Dans ce domaine, une part très importante est occupée par la lutte contre la pollution : établissement de critères de qualité pour l’ensemble des étendues d’eau, application du principe "pollueur-payeur", restauration des masses d’eau polluées.
3)Mettre en valeur les ressources en eau et la gestion intégrée de ces ressources. Il s’agit ici de considérer l’eau comme une partie intégrante de l’écosystème, qui constitue à la fois une ressource naturelle et un bien social et économique, dont la quantité et la qualité déterminent l’affectation par une approche intégrée (qui tient compte des besoins à long terme comme des besoins immédiats). La mise en valeur consiste à planifier l’utilisation des sols, utiliser les ressources forestières ou développer de nouvelles sources d’approvisionnement (dessalement de l’eau de mer, reconstitution artificielle de nappes souterraines...). La gestion intégrée veut que, considérant l’eau comme une ressource limitée, on applique une tarification qui traduit son coût réel. Elle appelle entre autres à l’économie, à la planification économique des ressources en eau, à la redéfinition des investissements publics et privés (tirer le meilleur parti des projets existants, adopter de nouvelles techniques non polluantes).
4)Etudier l’impact des changements climatiques sur les ressources hydriques. En effet, les prévisions dans ce domaine sont incertaines au plan mondial. Or, un relèvement des températures ou une réduction des précipitations entraînerait une diminution de l’approvisionnement en eau et un accroissement de la demande, avec le risque d’une dégradation de la qualité des masses d’eau douce. Il faut donc renforcer les programmes de recherche et de surveillance et échanger les données au niveau régional, national et international.
5)Avoir accès à l’eau potable et à l’assainissement pour tous. Ce souhait part d’un constat : 80 % des maladies et plus d’un tiers des décès dans les pays en développement sont dûs à la consommation d’eau contaminée. Or, dans ces pays, une personne sur trois est encore privée d’eau potable et de services d’assainissement malgré les efforts déployés dans ce domaine.
6)Intégrer la question de l’eau dans le développement urbain durable. La rapidité de la croissance de la population citadine et l’industrialisation mettent à rude épreuve les capacités de ressources en eau de nombreuses villes. Il s’agit donc de soutenir les gouvernements centraux et l’administration locale dans leurs efforts pour une gestion écologiquement rationnelle des ressources en eau destinées à l’usage urbain. Des actions pourraient être menées pour assurer une distribution équitable de ces ressources (concilier les plans d’urbanisme, les réserves d’eau et la durabilité des ressources ; satisfaire les besoins fondamentaux de la population urbaine ; établir des taxes sur l’eau)ou pour favoriser l’autonomie et la viabilité financière des services urbains assurant l’approvisionnement en eau.
7)Gérer l’eau nécessaire à la production alimentaire. La sécurité alimentaire est un objectif hautement prioritaire dans de nombreux pays. Or, la durabilité de la production alimentaire exigera de plus en plus le recours à des pratiques rationnelles et efficaces en matière de conservation et d’utilisation de l’eau, en particulier le développement et la gestion de l’irrigation. Le problème est d’amener la population à adopter de nouveaux modes de cultures tant pluviales qu’irriguées. Les mesures conseillées dans ce domaine sont très nombreuses : distribution d’eau et assainissement pour les zones rurales mal desservies (notamment en encourageant les collectivités locales à acquérir les droits de propriété des réseaux de distribution d’eau et des équipements d’assainissement), utilisation efficace de l’eau (augmenter l’efficacité et la productivité de l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole, tirer meilleur parti des projets d’irrigation), maîtrise de l’engorgement, de la salinité et du drainage (introduire le drainage de surface dans les zones non irriguées pour prévenir toute inondation, pratiquer le drainage artificiel dans les zones irriguées et sèches), gestion de la qualité de l’eau (éviter que les activités agricoles ne l’affectent, réduire les effets nocifs des produits agrochimiques, enseigner les effets polluants de l’emploi d’engrais et de substances chimiques), gestion des ressources en eau peu abondantes (considérer l’eau comme un bien économique et stratégique dans la planification et la gestion de l’irrigation, appliquer des programmes de prévention des situations de sécheresse), approvisionnement en eau aux fins de l’élevage (augmenter les quantités d’eau disponibles pour le bétail, encourager les systèmes d’épandage de l’eau pour augmenter la rétention d’eau des pâturages extensifs en vue de stimuler la production de fourrage), développement de l’aquaculture.
ressources hydriques, eau, politique de l’eau, eau potable, développement durable, conservation du sol, lutte contre la pollution, accès à l’eau, développement urbain, agriculture irriguée
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Livre
Action 21 : Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, Nations Unies, 1993 (ETATS UNIS)
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