Bretagne: pour une agriculture autonome et économe (l’expérience du CEDAPA).
Le Centre d’Etudes pour le Développement d’une Agriculture Plus Autonome (CEDAPA)est une association d’agriculteurs des Côtes d’Armor, militant pour l’adoption de pratiques moins consommatrices en intrants et moins agressives pour le milieu naturel et les animaux. Pionniers de l’extensification, ils ont mis au point dans leurs exploitations des techniques non pas issues d’une école de pensée particulière, mais de leur propre savoir-faire et d’objectifs généraux : limiter les pollutions, ne pas viser les hauts rendements, mais plutôt un revenu stable, évite l’achat d’aliments du bétail...
Le CEDAPA naît autour d’André Pochon, jeune agriculteur dans les années 50. Curieux et méthodique, il met au point une technique pour se passer d’engrais azotés sur les prairies, en associant du trèfle blanc à l’herbe semée alors par les éleveurs.Le scepticisme des techniciens agricoles, la sourde oreille des responsables professionnels et l’opposition des marchands d’engrais lui fait découvrir très vite la face cachée d’un développement agricole basé sur une intensification à outrance et une utilisation massive d’engrais : enjeux économiques, blocages idéologiques, formation des techniciens qui ne veulent pas recevoir de leçons d’un agriculteur, etc...
Sur son exploitation, il perfectionne sa méthode, et s’attire peu à peu le soutien des chercheurs de l’INRA . Cependant, partout en Bretagne, le modèle dominant s’impose. Avec un petit groupe d’amis agriculteurs, André Pochon crée alors le CEDAPA, qui se donne pour mission d’expérimenter et de diffuser des pratiques agricoles "alternatives". On ne parle pas encore d’extensification, mais d’autonomie et d’économie.
D’ailleurs, le CEDAPA ne partage pas la position de nombreux spécialistes de l’extensif, qui réclament l’utilisation de surfaces plus vastes par les agriculteurs. Au contraire, les agriculteurs du CEDAPA montrent qu’il est possible de vivre avec de petites surfaces et de petits troupeaux, avec un recours limité aux intrants. La recette ? une réduction drastique des charges, la valorisation des ressources locales, une connaissance fine des processus naturels, des systèmes de polyculture élevage peu spécialisés et peu intensifs.
Le GAEC des frères Le Fustec est le porte-drapeau du CEDAPA. Avec une surface de seulement 45 hectares et 33 vaches laitières. Les frères de Fustec tirent un revenu qui laisse rêveur de nombreux agriculteurs. Les traitements sont limités, la fertilisation raisonnée, les fauches adaptées aux conditions du milieu. Au contraire des tenants de l’agriculture biologique, les exploitants ne s’interdisent rien, mais gèrent tout avec mesure. Ils utilisent 25 kilos d’azote par hectare et par an, alors que la moyenne pour les exploitations laitière en Bretagne est de plus de 200 kilos !
Développant de nombreuses collaborations avec les associations écologistes, les associés du CEDAPA sont devenus experts auprès du Conseil Général des Côtes d’Armor pour la question de la prévention des pollutions par les nitrates. Leurs contrats avec les Ministères de l’Environnement et de l’Agriculture sont timides, ainsi que ceux pris récemment avec la CEE. Mais ils estiment actuellement, après des années d’un travail méconnu, être mieux écoutés des décideurs.
Documents-ressource
- Du champ à la source : retrouver l’eau pure. André Pochon, 1991 CEDAPA
- Entretien avec André Pochon Pierre Yves Guiheneuf, mars 1991 (document de travail)
- CEDAPA : Etudes technico-économiques.
légumineuse, environnement, agriculture et environnement, agriculture durable, recherche paysanne, mise en valeur du sol, fertilisation du sol, agriculture et élevage, revenu agricole, pollution de l’eau
, France, Bretagne
Entretien avec POCHON, André
Littérature grise
GUIHENEUF, Pierre Yves, GEYSER, 1991
GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - France - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr