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Mexique : les granges intégrées, du modèle aux faits

Christophe BEAU

05 / 1993

L’INIREB (Institut National de Investigaciones sobre Recursos Bióticos)a eu 10 années d’existence (75-85)florissantes. Outre ses actions liées à l’inventaire faune-flore du tropique mexicain, le point central de ces activités de développement fut celui des "granges intégrées". Vaste projet très ambitieux, qui a connu des applications multiples dans des contextes paysans mais qui a disparu aussi vite qu’il était apparu ! Pourquoi donc cette issue fatale ?

Un modèle de production en "cycle fermé".

Début 1990 : c’était l’époque du tout écologique en Europe. De vastes expériences, basées notamment sur le fait de traditions bien ancrées en Chine, en Hongrie,..., mettaient en pratique des systèmes intégrés de production agricole.

Intégré dans le sens où l’on associe au sein d’un même espace le maximum de productions (élevage, cultures végétales, pisciculture, algoculture,...)en les y intégrant ; cela signifie par exemple que la pisciculture profite des fécès animales pendant que les eaux de pisciculture participent à l’irrigation fertilisante des cultures végétales. Il s’agit donc de valoriser au maximum l’énergie de la biomasse. L’habitat rural est toujours intégré ou presque à ces systèmes.

1977 : un projet pilote est mis en place par l’INIREB près de Veracruz où l’on tâche d’adapter et de diversifier les modèles.

Parallèlement 25 à 30 communautés paysannes sont sensibilisées à ces techniques et l’on discute avec leurs représentants les modalités de formation sur la base pilote ainsi que des concepts d’organisation paysanne que ces modèles techniques "imposent".

1983 : une cinquantaine de communautés très enthousiasmées par le projet ont mis en oeuvre avec l’appui technique de l’INIREB une infrastructure de production (1 à 5 hectares)qui se surimposait aux Ejidos.

L’INIREB comptait alors sur ce programme plus de 80 personnes.

Un crédit (remboursable 1 an plus tard)permettait l’achat du cheptel vif et de l’infrastructure minimum (digesteur,...).

Les paysans mais aussi les porcs imposent leurs conditions !

La logique du système reposait sur la production porcine gérée en collectivité selon un schéma d’organisation propre à chaque cas. Sur le plan technique, des insuffisances se manifestent assez vite ; ex : la production d’alimentation pour les porcs devint insuffisante lorsque la plupart des gens enthousiasmés par les premiers résultats développèrent la partie porcine du système. Or le marché du porc s’effondra alors que le prix de l’aliment complet s’enflamma.

Un système conçu au départ pour se protéger des lois du marché !

Sur le plan socio-organisationnel, il y eut quelques grincements fatals : les opportunités ou les contraintes de revenus extérieurs fragilisèrent les modèles d’organisation communautaire qui avaient été discutés au préalable.

Bref, dans un système économique très évolutif, il était difficile de faire tourner un système productif en circuit fermé ou même de l’articuler avec le système existant qui, lui, continuait à exister... et à évoluer. Sur l’une des granges, axée sur le piscicole, on aboutit ainsi à une désaffection de la communauté au profit de 4 personnes qui payaient une location aux autres pour le matériel investit. Lesquelles 4 personnes se mirent à embaucher du personnel, dégager de beaux bénéfices... et créer des conflits ouverts avec les autorités de l’Ejido !

En résumé, il faut signaler au départ l’importance de l’engouement paysan sur ces modèles, la richesse des organisations mises en place pour les entretenir et les faire évoluer. Mais la difficulté pour en maîtriser le contenu technique et surtout l’inévitable retour à la logique productiviste et commerciale limite la durée de vie de ces expériences. Malgré tout il est surprenant d’apprendre que certaines d’entre elles ont survécu, par la suite, sans pratiquement aucune assistance technique. Et il est manifeste que tant chez les paysans que chez les techniciens, cette étape a été un espace d’apprentissage et d’autonomisation extraordinaire.

Au bénéfice du doute, il est utile de savoir que l’INIREB et ce programme en particulier fut "lâché" en 1984.

En conclusion 10 années d’expérience ne sont sûrement pas restées lettre morte. Certaines associations ont été reprises, d’autres se sont créées ailleurs et surtout reste un savoir-faire utile.

Mots-clés

organisation paysanne, agriculture et élevage, production, élevage, porc, vulgarisation agricole, aquaculture


, Mexique

Source

Articles et dossiers

ALATORRE, Gerardo; CELIS, Victor, ERA=ESTUDIOS RURALES Y ASESORIA AC; PASOS in. Pasos-Prácticas de desarrollo rural, 1991/06 (MEXIQUE), n°III-3

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