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Des campagnes vertes ou un futur sombre

La politique agricole de la C.E. à la croisée des chemins

Pierre Yves GUIHENEUF

04 / 1993

Pour Greenpeace International, la politique agricole de la CE promeut un système industrialisé d’agriculture, qui s’affranchit inconsidérement des règles de fonctionnement des écosystèmes et gaspille les ressources. Le modèle productif agricole en Europe n’est pas durable, car il contribue à aggraver de nombreux problèmes environnementaux, comme :

- la pollution de l’air, des eaux douces et des milieux marins

- la consommation abusive d’énergie fossile

- la réduction de la biodiversité

- la dégradation des sols

- la destruction de la couche d’ozone (par certains pesticides)

De plus, il fait courir des risques :

- sur la santé des consommateurs (résidus dans les produits alimentaires)

- sur l’apparition d’une pollution génétique (provoquée par les biotechnologies)

Enfin, il cause des problèmes économiques et sociaux :

- la destruction des communautés rurales européennes

- l’exploitation des pays du tiers-monde (aliments du bétail importés, surplus bradés).

Greenpeace recommande donc l’adoption de pratiques d’agriculture biologique. Il en existe plusieurs variantes (pratiques traditionnelles, agriculture écologique, biodynamie...)mais elles sont toutes basées sur la connaissance et le respect des interactions entre les éléments de l’agro-écosystème, le refus des pesticides et des engrais de synthèse, l’entretien de la vie du sol. Cette agriculture permet de réduire le lessivage des nutriments, et la pollution, d’accroître la fertilité du sol et la biodiversité, de limiter la consommation d’énergie.

Habituellement, on considère que les rendements en agriculture biologique sont de 10 à 30% inférieurs à ceux de l’agriculture conventionnelle. Pour l’Europe excédentaire ce n’est évidemment pas un problème. Pour les pays du tiers monde, il faut noter que la production actuelle, suffisante pour nourrir le monde, n’empêche pas la malnutrition ou la famine. Le problème, c’est la répartition des moyens de production, la distribution de l’alimentation, les guerres, les pertes en cours de stockage. En agriculture biologique, les rendements sont plus stables, ce qui est important pour la sécurité alimentaire.

On dit également que l’agriculture biologique est plus coûteuse. Il faut relativiser cette affirmation par deux observations. La première c’est que les marges commerciales pratiquées sur les produits biologiques sont considérablement plus élevées : le surcoût (prix au consommateur)n’est donc pas imputable seulement à un surcoût de production. La seconde, c’est que le surcoût de production est dû au fait que l’agriculture biologique intègre un certain nombre de coûts qui ne sont pas payés par l’agriculture conventionnelle : coûts de protection de l’environnement, de préservation de la fertilité des sols, etc... Si ces coûts devaient être payés par les agriculteurs conventionnels (par exemple sous forme de taxes), la différence de coût entre leurs produits et ceux des agriculteurs biologiques serait sans doute annulée.

Les beaux discours de la CE sur la préservation de l’environnement ne sont pas mis en pratique au travers de la PAC. L’un des obstacles est représenté par le lobby des industries agro-chimiques.

La PAC doit être complètement réformée. Il faut en particulier :

- éliminer les subventions et mécanismes qui encouragent les agriculteurs à utiliser des pratiques industrielles

- fixer des normes interdisant certaines pratiques nocives (drainage abusif, usage des nappes phréatiques fossiles, etc...)

- taxer les engrais et pesticides de synthèse, ainsi que l’énergie

- encourager le rapprochement entre producteurs et consommateurs

- interdire l’attribution de brevets aux organismes vivants

- réorienter les fonds de recherche vers les systèmes de production durables

- faciliter la formation professionnelle des agriculteurs pour favoriser l’adoption de pratiques agricoles durables

- adopter des mesures pour augmenter le nombre d’ouvriers agricoles

- éliminer progressivement les subventions aux exportations pour éviter de concurrencer les pays du tiers-monde.

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