11 / 1994
Le massif forestier de Pelenc est situé sur la commune de Montmeyan, au nord du département du Var. Il couvre 760 hectares de terres domaniales et communales, boisées en chênes verts et chênes pubescents. Il est utilisé par les forestiers de l’ONF (exploitation forestière, truffières, pare-feu), quelques éleveurs qui y mènent leurs troupeaux et les chasseurs qui y pratiquent leur activité. A l’origine, les forestiers sont les seuls à gérer les ressources naturelles, les éleveurs et les chasseurs se contentant de prélèvements assimilables à une activité de cueillette.
Au début des années 1990, un éleveur de la région a un projet de réduction de sa charge de main d’oeuvre, ce qui passe par la réduction du temps passé au gardiennage du troupeau. En accord avec l’ONF, il installe des clôtures dans la forêt domaniale et gère de façon plus intensive les ressources fourragères de la forêt. Cela lui permet d’accroître la taille de son troupeau et, plus tard, d’obtenir un financement public par le biais de l’article 19, car son troupeau contribue à prévenir les incendies de forêt. La réduction des charges, l’augmentation des effectifs et les primes lui permettent d’augmenter son revenu de 50 % en quelques années.
L’éleveur est donc très satisfait de l’opération. En revanche, les forestiers ont des craintes à propos de l’impact des moutons sur la régénération des peuplements forestiers. Le Cerpam se fait également l’écho d’interrogations (provenant notamment du ministère de l’Environnement)concernant les impacts du pâturage en forêt sur la faune sauvage (oiseaux, insectes...)et sur le paysage. Enfin, les chasseurs sont franchement hostiles aux clôtures, qui entravent leur passage ainsi que celui des sangliers.
Pour toutes ces raisons est engagé un processus de concertation impliquant toutes les parties en présence : forestiers, éleveur, chasseurs, Cerpam. Au terme de la concertation, un certain nombre de mesures sont décidées d’un commun accord. Pour répondre aux inquiétudes des forestiers, divers modes de gestion sont testés, qui permettent de donner des recommandations à l’éleveur. Les effets du pâturage sur la faune sauvage sont mesurés : à court terme, ils semblent minimes. L’impact sur le paysage est jugé plutôt positif pour un observateur situé dans le massif, inchangé depuis l’extérieur. Pour satisfaire les exigences des chasseurs, on installe des clôtures amovibles, retirées lors de la période de chasse, alors que le troupeau n’est pas en forêt.
L’expérience de Montmeyan a montré que divers utilisateurs d’un même espace, aux intérêts apparemment contradictoires, peuvent se retrouver autour d’une table et chercher ensemble les moyens de régler leurs conflits. Les discussion ont permis d’envisager plusieurs scénarios de gestion de l’espace, qui seront évalués sur le terrain dans les années à venir.
agriculture, élevage, environnement, conflit de voisinage, sylviculture, forêt, aménagement rural, protection des forêts, impact sur l'environnement, revenu agricole, milieu rural
, France, Provence-Alpes-Côte-d’Azur
Rapport
THAVAUD, P.; GARDE, L., CERPAM, CERPAM, 1993/11/ (France)
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