La crise actuelle de l’agriculture se manifeste par un dualisme entre les agriculteurs "compétitifs", de moins en moins nombreux, et ceux qui sont "assistés". Les nécessités de l’économie font que les paysans sont actuellement en surnombre. Donc, s’ils veulent rester paysans, ils doivent faire autre chose que de l’agriculture. Des expériences prometteuses existent sur le terrain, mais elles remettent profondément en cause le métier d’agriculteur. Traditionnellement, le référentiel de l’agriculteur moderne des années 60 à 80 repose sur une forte technicité, une assimilation au statut des chefs d’entreprises et des petits patrons, et une forte solidarité corporatiste.
Ce schéma a été questionné par la crise du modèle dominant depuis les années 70. Dans le discours, par les Travailleurs Paysans qui avaient une approche très politique, et dans la pratique par la multiplication des innovations, en particulier dans les zones marginalisées par le développement agricole. Ces innovations ont tout de suite posé la question de la diversification, à la fois comme refus d’un modèle dominant et comme refus de la spécialisation.
Les innovateurs proposent dans les faits une nouvelle définition du métier d’agriculteur, basé sur 3 principes:
- la gestion de systèmes complexes associant des activités complémentaires (agriculture, transformation, commercialisation, accueil à la ferme, services divers...).
- l’importance de la fonction commerciale.
- la compétence managériale, c’est-à-dire la capacité à s’organiser, à anticiper, à optimiser non pas chaque activité mais le résultat global, etc...
Pour appuyer cette évolution du métier, vers un modèle proche de "l’entrepreneur rural", il s’agit de :
- définir un système de références : revoir les "règles d’excellence" de la profession, adapter les systèmes de vulgarisation pour permettre aux techniciens de conseiller en matière de marketing et de management, etc...
- définir un statut légal "d’exploitant rural", du point de vue social (couverture sociale), fiscal (imposition, comptabilité)et du point de vue de l’accès aux aides publiques (critères d’attribution).
En bref, il s’agit de consolider l’identité professionnelle des exploitants ruraux.
innovation technique, agriculture, diversification des productions, technicien et paysan, Etat et société civile
, France
Livre
MULLER, Pierre et al., L'HARMATTAN, 1989 (France)
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