Après deux ans de fonctionnement dans des communes de cinq départemements différents (Ariège, Cantal, Dordogne, Indre, Haute Saône), l’auteur propose une première évaluation du dispositif mis en place par le GERDAL.
Il en rappelle tout d’abord les objectifs parmi lesquels on note ceux-ci :
- mobiliser les agriculteurs en tant qu’acteurs de leur propre développement, et producteurs de connaissances. Le GERDAL les considère d’abord comme des membres de groupes professionnels locaux, et non pas comme des entrepreneurs individuels ou des membres de groupes institutionnalisés de type GVA ou CETA.
- renforcer leur capacité à se détacher des modèles techniques standards.
-promouvoir chez eux des capacités renforcées de négociation avec leur environnement en particulier avec leurs organisations professionnelles.
Les deux derniers objectifs concernent également les techniciens agricoles. Formés par l’équipe du GERDAL à accompagner la formulation d’un problème et la recherche collective de solutions au sein d’un groupe de travail, ceux-ci adoptent ainsi une nouvelle fonction, appelée fonction d’aide. La formation les incite à abandonner leurs tâches traditionnelles : le conseil individuel ou la prescription de solutions techniques standardisées.
Le "dispositif" GERDAL se compose donc :
- principalement de groupes d’agriculteurs, invités par le GERDAL à se réunir à l’échelle de la commune. Les groupes sont animés par une équipe d’aide composée de techniciens agricoles.
- également des formateurs des équipes d’aide, des institutions agricoles mettant à disposition les techniciens à temps partiel, et des chercheurs assurant un suivi permanent de l’expérience.
Les questions débattues par les groupes peuvent être classées en trois domaines principaux :
- l’organisation (exemples : les échanges de parcelles, l’entraide au niveau du travail, l’installation d’un jeune, l’achat groupé d’intrants ou de matériel, etc...)
- l’amélioration de techniques existantes (exemples : la diminution de la fertilisation azotée, l’alimentation du troupeau, etc...)
- la recherche de techniques ou de productions nouvelles (exemples : essais de cultures d’asperges ou de lentilles, aide à la pluri-activité, création d’un abattoir de montagne, etc...)
Qu’en est-il des résultats ?
De nombreux groupes ont débouché sur des réalisations concrètes et les résultats sont incontestables. Il faut noter aussi que le champ des problèmes traités est plus vaste que celui de institutions de développement agricoles classiques (transformation et vente de produits, entraide, pluri-activité...)et que l’expérience mobilise des gens qui ne font pas partie de la clientèle habituelle du développement (par exemple, les salariés agricoles). Cependant, ces résultats sont très variables d’une commune à l’autre. Plusieurs problèmes ont causé l’interruption de certains groupes : l’incapacité à trouver un problème commun au groupe, la recherche par certains agriculteurs d’idées ou de solutions toutes faites auprès du technicien, mauvaise dynamique de groupe (comportements autoritaires ou individualistes, conflits), des conflits du groupe avec des institutions, qui se voient contestées dans leur champ de compétence.
Au-delà de ces facteurs immédiats de crise des groupes, certaines conditions rendent plus difficile leur fonctionnement :
- les problèmes complexes (qui nécessitent beaucoup de réflexion, la mobilisation de nombreux acteurs extérieurs au groupe, etc...)
- les situations de conflit à l’intérieur du groupe (problèmes de contrôle du foncier..)ou les conflits antérieurs avec le technicien.
- les groupes dont les membres communiquent peu par ailleurs.
- la connaissance préalable du sujet par le technicien, qui est alors beaucoup plus tenté d’imposer ses solutions.
agriculture, développement local, vulgarisation agricole, renforcement des groupes de base, diffusion des savoirs, innovation technique, technicien et paysan
, France
Voir également les trois autres fiches sur le Gerdal
Articles et dossiers
LE GUEN, Roger, GERDAL, ESA ANGERS in. AGRISCOPE, 1986 (France), N°7
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