Les grands espoirs d’une petite filière
11 / 1993
En voilà des cultures qui sortent de l’ordinaire ! Les 6000 hectares de plantes aromatiques et médicinales (PAM)répartis sur 3 régions françaises essayent de répondre à un marché de plus en plus demandeur. Mais attention, la concurrence des pays de l’Est et de la Méditerranée est énorme. On apprend par exemple que des soi-disant "herbes de Provence" y sont achetées 5 fois mons chères que les véritables herbes cultivées dans le Sud-Est de la France. Pour la filière française, pas question de bricoler : ses principaux créneaux de développement se situent dans des plantes de qualité qui répondent mieux aux besoins des industriels et des consommateurs et dans les nouvelles transformations des plantes (pâtes fraîches pour la cuisine...). D’ailleurs, les grosses sociétés et les coopératives concernées ont chacune mis en oeuvre des programmes de recherche et d’expérimentation afin de définir leurs propres "cahiers des charges". Ceux-ci sont appliqués sur le terrain par les agriculteurs en fonction du système de production choisi : mais qu’il s’agisse des cultures sous contrats de PERNOD-RICARD (pour le fenouil)ou SANOFI (pour le pavot oeillette), ou bien du système de cultures intégrées de DARBONNE (pour l’estragon, le cresson, le cerfeuil), on comprend que le producteur perd sa liberté de travail et subit la filière ; de plus, l’expérience et le savoir-faire de chaque acteur de la filière sont gardés jalousement dans un climat qui peut tourner à la concurrence directe. Il paraît donc raisonnable, dans l’intérêt de tous les partenaires, d’entamer des rapprochements tant au niveau technique que commercial.
Pourquoi ne pas saisir le créneau PAM biologique ? La jeune et dynamique coopérative agricole de Vercheny, dans le Diois, ne pose plus la question : dès février 1989, un de ses responsables techniques est parti étudier dans nos pays voisins les techniques de pointe utilisées en agriculture biologique sur diverses cultures, afin de trouver des adaptations efficaces et rentables pour la culture des PAM en biologie. Aujourd’hui, une quarantaine d’hectares sont homologuées par "Nature et Progrès" : thym, mélisse, sauge, persil... On est un peu surpris de découvrir que 80% de ces produits biologiques sont vendus à l’étranger, qu’il s’agisse d’huiles essentielles, de plantes sèches ou fraîches. Ce sont donc de larges horizons qui s’ouvrent à la coopérative du Diois, bien consciente d’ailleurs de la valeur des informations techniques et économiques qu’elle détient. Alors avis aux futurs producteurs de PAM "bios" : les amateurs et les idéologues ne sont pas admis dans le Diois !
plante médicinale, agriculture biologique, commercialisation
, France
Articles et dossiers
DESCHAMPS, P.; PROVOST, M., FONDATION DE FRANCE in. LE NOUVEL AGRICULTEUR, 1990/04/06
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