06 / 1993
Passée la période euphorique de l’expansion des débouchés céréaliers, la Cocebi maintient le cap contre vents et marées.
"S’il n’y avait pas eu la Cocebi, il n’y aurait qu’une trentaine de producteurs sur la région, commercialisant en circuits courts" assure André Lefèvre, technicien de la coopérative de céréales biologiques. Commercialisant 2500 tonnes de céréales l’an la coopérative a atteint aujourd’hui sa vitesse de croisière. Elle réunit une centaine d’agriculteurs de douze départements (région Bourgogne et départements limitrophes). Le réseau de commercialisation est en effet très étendu. La collecte est essentiellement exportée, brute ou transformée (30% sous forme de farine).
L’organisation actuelle de la vente est le fruit de sept années de fonctionnement. En juillet 1983, dix-sept producteurs, assurant une production de cinq à sept cents tonnes, décident de constituer une coopérative. La structure de l’époque, pilotée par le syndicat régional des agrobiologistes, avait montré ses limites. Aspects fiscaux, partage des risques en cas d’impayé, pouvoir tampon des producteurs sur les prix... Autant de questions à résoudre.
Dix-huit mois furent nécessaires pour définir la formule la plus adaptée avec l’aide des services de l’Onic.
Stockage à la ferme.
La Cocebi assure trois services à ses adhérents. La collecte et la commercialisation des produits céréaliers est le principal. Le choix des céréales est réalisé d’un commun accord, producteurs-coopérative, suivant les débouchés prévus. Vient ensuite la fonction d’approvisionnement des exploitations. Elle s’adresse à tous les sociétaires, parmi lesquels une vingtaine de producteurs commercialisent par eux-mêmes la totalité de leurs céréales. Enfin, la coopérative assure une activité plus marginale : la collecte de lait produit par trois exploitations.
Un fonctionnement original distingue la Cocebi des autres structures. "Notre objectif est d’assurer un éco-développement agricole et rural", précise André Lefebvre. La structure est souple et diffuse. En aval, les agriculteurs eux-mêmes gèrent le stockage et la transformation. Le stockage à la ferme bénéficie d’une aide financière : une prime de 2,60 F. par quintal de blé pour chaque mois de stockage au cours de la campagne 1991-1992.
Des coopératives prestataires de services.
De même, les activités que génère la coopérative sont assurées par les agriculteurs. Certains se chargent de la gestion, d’autres du transport et de l’identification des lots. Assurés sous forme de vacation, ces travaux fournissent des compléments de revenu aux sociétaires.
Le paiement des céréales se réalise en deux temps : un acompte à la moisson (140F. le quintal de blé en avril 92). "Rien n’est acquis d’avance assure André Lefèvre, l’an dernier a été très difficile pour l’ensemble de la filière céréales bio". Selon lui, les perspectives d’avenir sont très liées à l’évolution de la consommation. "Le marché biologique ne représentant qu’à peine 1% du marché agro-alimentaire, des potentialités existent. Cela nécessite notamment une politique de communication". C’est pourquoi, la Cocebi travaille sur ces questions, en étroite collaboration avec l’ensemble des partenaires de la filière.
Prudence.
Ce contexte incite néanmoins les coopérateurs à la prudence. La coopérative n’effectue pas de recherche offensive de nouveaux producteurs faute de nouveaux débouchés. Ainsi, l’effectif se renouvelle et demeure stable. L’accent est plutôt mis sur le soutien actif à la création d’autres coopératives. Cela a été le cas notamment pour d’autres structures similaires en Lorraine et en Eure-et-Loire ; une manière de développer autrement une organisation originale de la filière céréales.
COCEBI
Chiffre d’affaire (91): 10 millions de F.
Statut : coopérative
Date de création : 1983
Nombre d’emplois : 2
100% des produits "bio" dans le chiffre d’affaires.
céréale, agriculture biologique, commercialisation, coopérative agricole, développement local, revenu agricole
, France, Bourgogne
COCEBI. 22 rue de Preuilly, 89000 Auxerre, Tél. 86 52 92 95, Fax. 86 52 21 57
Entretien
BERNARD, F. in. AGROBIOSCOPIE : analyses, opinions, expériences, 1992
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