08 / 1995
La capitalisation d’expérience était un besoin conscient pour le Projet de Colonisation Agraire ALA 90/24 qui travaille au Paraguay depuis 1993. Un des objectifs de celui-ci étant de mettre en forme une méthodologie d’appui à l’installation de paysans sans terre et sans argent, il s’agissait de recueillir au maximum la pratique, ses apprentissages et ses leçons, afin de pouvoir ensuite les organiser en système d’action (les systématiser).
Dès le départ avait été posé le principe que tous devaient prendre part à cet effort. Et nous voulions le faire en continu et non pas seulement à la fin du Projet.
Après diverses tentatives pour stimuler le personnel de terrain (une partie "qualitative" dans les rapports mensuels; enregistrement des réunions et débats périodiques de toute l’équipe; appel à rédaction...), les résultats étaient très limités.
Mon expérience des fiches DPH me laissait entrevoir des possibilités et des limites.
Possibilités? La fiche était de moins en moins bibliographique et s’adaptait maintenant à l’expression du terrain. La promesse d’une diffusion élargie était un bon stimulant à l’effort de rédaction. Courte et ouverte, la fiche pouvait accueillir toutes sortes d’apports.
Limitations? La machine informatique ISIS-DPH exige bien des apprentissages peu évidents pour un Projet dont la vocation n’est pas documentaire. La Base de Donnés est encore peu attrayante pour ce genre de terrain (très francophone et sur des axes thématiques souvent éloignés). L’exigence d’indexation aurait fourni bien des blocages.
Nous avons donc décidé de commencer par la fiche et non par DPH. Les rubriques principales des deux premiers écrans (plus la rubrique "Type de Source" du troisième écran, plus la rubrique "Personne-Ressource/Entretien avec" du 4ème écran)furent alors distribuées sur un formulaire papier, laissant l’espace correspondant pour le remplissage manuscrit. (Pour "Type de Source" nous avons reproduit la liste complète afin qu’il suffise de souligner la ou les mentions nécessaires.)
Trois fiches ainsi reproduites à manière d’exemples, une courte session d’explication et de motivation: à chacun des 30 membres du personnel terrain de jouer!
Dix jours après, plus de 25 fiches étaient sur ma table: en général très courtes; presque toujours avec des difficultés pour marier le "récit d’expérience" et sa "réflexion"; mais des potentialités indéniables, impressionnantes même parfois.
Willibaldo Brack en retravailla et compléta quelques-unes pour les utiliser dans un Séminaire national où nous en aurions besoin. Avec Aída de Morel nous avons entrepris un cycle d’entretiens personnels avec chacun des auteurs pour débattre les améliorations possibles et leur renvoyer la balle.
Un mois après la session de lancement, nous avions une vingtaine de fiches éditées, dont une quinzaine avaient été rédigées sur le terrain et par le terrain. Quinze à vingt autres étaient en gestation ou en correction. Et d’autres auteurs au sein du Projet, aussi bien chauffeur que directeur, avaient envie de s’y mettre à leur tour.
Même si pour cette première phase nous n’avons pas toujours été trop exigeants afin de ne pas décourager le processus, une dizaine de ces fiches furent diffusées au cours du Séminaire déjà cité et leur impact a amené un certain nombre d’institutions paraguayennes à s’intéresser à un système d’échanges d’expériences à travers ce type de fiches.
Et de là découle une ouverture possible sur DPH. DPH est pratiquement inconnu au Paraguay mais l’intérêt des fiches c’est de faciliter l’échange, la circulation, pour une capitalisation collective. DPH peut s’y prêter. Peut-être les fiches papier de capitalisation de l’expérience serviront-elles demain à l’échange au sein d’un pôle national DPH, aux échanges entre ce pôle et les autres réseaux du réseau.
méthodologie, diffusion de l’information, informatique, réseau d’information
, Paraguay, Coronel Oviedo
Pour commencer cette dynamique, nous n’avons pas choisi la facilité et les résultats nous ont récompensé: nous avions donné la priorité aux membres du personnel qui parlaient le moins au cours de nos réunions, aux simples techniciens de terrain et non aux "ingénieurs" responsables des équipes; nous avons découvert que ce style de fiche est extrêmement motivant pour eux (dans le cadre d’un Projet qui joue la carte de la production de connaissances depuis la pratique et le terrain)et qu’ils ont souvent des potentialités bien supérieures à ce que l’on pourrait croire.
C’est là un des avantages de la fiche: elle diminue les hiérarchies professionnelles et intellectuelles et peut donner la parole aux exclus du discours.
Et puis, oh divine surprise!, nous avons constaté que bien des informations qualitatives que nous recherchions depuis longtemps commençaient à apparaître dans ces fiches papier que nous nous étions engagés à diffuser.
Il reste à attendre de savoir si la dynamique peut continuer au delà du premier enthousiasme...
Les coordonnées du Proyecto de Colonización Agraria San Pedro y Caaguazú; ALA 90/24sont: Defensores del Chaco 237/238; casilla 030 Correo Central; Coronel Oviedo; Paraguay; tel. (595)521 - 3128 ou 2784; fax (595)521 - 2784.
Le Projet est réalisé par l’IBR=Instituto de Bienestar Ruralavec la coopération de l’Union Européenne. Pour les fiches de capitalisation d’expériences, s’adresser à MOREL, Aída deet à BRACK EGG, Willibaldo. Fiche traduite à l’espagnol: MFN 4655
Récit d’expérience