1.- Motivation personnelle et contexte favorable.
James Collinge, de la Victoria University of Wellington, en Nouvelle-Zélande, est venu à l’éducation à la paix par militantisme pour le désarmement nucléaire en Grande-Bretagne, puis en Nouvelle-Zélande, contre la guerre du Vietnam et contre l’apartheid, et par la voie de l’enseignement de la musique. En 1984, le nouveau gouvernement néo-zélandais manifestait beaucoup d’intérêt pour les problèmes de la paix : il comprenait un ministre du Désarment et le ministre de l’Education était très favorable à l’éducation à la paix.
Le cours de J. Collinge sur la paix a été, en 1985, le premier dans une université et a rencontré d’importantes réserves au début. Après une période d’essai de trois ans, le cours est devenu permanent. C’est désormais un cours de maîtrise sur l’éducation à la paix qui s’adresse principalement à des enseignants chevronnés et à de futurs enseignants. Un certain nombre d’étudiants réalisent des thèses dans ce domaine.
La pédagogie de J. Collinge se caractérise par l’accent mis sur tout ce qui permet aux étudiants de développer un travail personnel, sur un travail en séminaires par groupes de huit à neuf étudiants et sur les exercices coopératifs, notamment pour pratiquer la résolution des conflits au niveau scolaire.
2. Les deux sens de "l’éducation à la paix" et les autres concepts approchants.
Il s’agit d’abord d’une matière qui est constituée à partir des différents sujets se rapportant à la paix et qui font l’objet de dicussions avec les jeunes. Il est très important de développer leur esprit critique sur tout ce qui touche la paix et la guerre, la défense, la violence dans la cité et la violence dans les médias. Il s’agit plutôt "d’études sur la paix" que "d’éducation à la paix".
Mais c’est davantage que cela. C’est une approche globale qui comprend aussi la méthode et les moyens pédagogiques, qui favorisera la recherche personnelle, qui préférera la coopération à la compétition, la résolution pacifique des conflits au formalisme. La manière est aussi importante que le contenu et, dans ce sens, c’est plutôt de "l’éducation à la paix".
3. Par comparaison :
- "l’éducation au désarmement" est une appellation trop restrictive qui peut laisser penser que c’est une approche politique qui est privilégiée et faire craindre l’endoctrinement (cette critique est courante en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Grande-Bretagne).
- "l’éducation à la compréhension internationale" est, en revanche, un peu trop vague. C’est une notion qu’on a tenté d’introduire dans le programme d’études sociales en Nouvelle-Zélande, mais cela ne s’est pas concrétisé.
- "l’éducation globale" évoque les relations entre les humains et l’environnement et les relations entre les êtres humains et les cultures humaines entre eux. Le champ d’intérêt est plus large qu’avec l’éducation à la compréhension internationale et le concept d’éducation globale fait clairement référence aux relations entre éducation à la paix, éducation à la défense de l’environnement, éducation pour la justice, éducation contre le racisme.
4. A propos des réactions d’hostilité à l’éducation à la paix.
Parce que ce qui touche au désarmement et à la paix est sensible, une opposition à l’éducation à la paix s’est manifestée parmi les parents et dans le public. Les parents doivent être assurés que leurs enfants ne seront pas endoctrinés politiquement. L’endoctrinement serait le contraire d’une éducation à la paix. Le problème s’est posé en Grande-Bretagne où l’éducation à la paix a été très liée aux campagnes pour le désarmement nucléaire unilatéral et contre la participation britannique à l’OTAN. Elle a été perçue comme un élément de cette campagne plutôt que comme un moyen d’aider les gens à réfléchir.
C’est toute la différence entre l’éducation à la paix et l’action des mouvements pour la paix. Ceux-ci ont un objectif et les militants peuvent choisir d’utiliser tous les moyens possibles pour les atteindre, mais ce n’est pas une attitude éducative. L’éducation consistera à aider les jeunes à éclaicir et à approfondir les questions et non pas à privilégier un certain point de vue pour le faire accepter par tous les étudiants.
Le plus sûr moyen d’éviter les problèmes consiste à travailler le plus possible en collaboration avec les parents, à les informer et à leur permettre d’exprimer leurs points de vues.
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, Nouvelle Zélande
Ce n’est pas un cas unique, mais l’expérience néo-zélandaise fait un peu figure de "laboratoire" compte tenu de ce qui caractérise ce pays : situation géographique, multiculturalisme, refus du nucléaire, protection des ressources naturelles et de l’environnement...
"Peace Environment and Education" est un trimestriel publié par le Department of Educational and Psychological Research, School of Education, Box 23501, S-200 45, Malmö, Suède.
Articles et dossiers
COLLINGE, James, AKE BERJSTED.SCHOOL OF EDUCATION.MALMO.SUEDE in. PEACE, ENVIRONMENT AND EDUCATION, 1992/06 (Suède), 8
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