05 / 1995
Je pense que la majorité d’entre nous à l’ICSF se méfient des grandes conférence puisqu’elles entraînent des dépenses importantes sans que grand chose en sorte. Mais pourtant, on a réagi positivement à l’égard des deux dernières conférences, à Rome et à Bangkok.
La première a donné une impulsion pour la mobilisation des travailleurs de la pêche à travers le monde, alors que la deuxième rassemblait les animateurs de nouveaux mouvements qui se sont engagés à rester les « phares de la mer ».
Nous sommes maintenant à la veille d’une troisième conférence et il me semble que, à moins de discuter nos attentes, une nouvelle conférence ne nous amènera peut-être pas à quelque chose de dynamique et de significatif. Alors que nous devons tous répondre au document de base de la Conférence, il existe d’autres questions qui doivent être abordées.
Un des problèmes majeurs liés à l’épuisement des ressources partout dans le monde, est l’usage d’une technologie trop efficace et écologiquement destructrice. Dans la majorité des pays asiatiques, les travaileurs de la pêche luttent contre la pêche au chalut de fond qui se concentre sur la monocapture de crevettes roses dans les eaux côtières.
Plus récemment, ils se sont opposés également à la destruction de mangroves dans la ruée folle vers une acquaculture intensive en eaux saumâtres. L’impact de ces deux activités est de grande envergure.
L’impetus pour ce type de surpêche et d’acquaculture intensive, c’est le marché d’exportation de crevettes roses qui sont des rentrées de devises fortes. De fait, aucun gouvernement asiatique n’est disposé à prendre des mesures sérieuses pour tenir compte des demandes et de la lutte des travailleurs de pêche côtiers pour contrôler le chalutage ou même de l’interdire dans les eaux côtières. Il y a beaucoup moins d’attention portée aux problèmes qui résultent de la destruction des mangroves par l’acquaculture intensive.
Je crains que la Conférence de Cébu souligne encore une fois résolument les dangers et trouve quelques jolies phrases sur la gestion de ressources littorales.
Tout en croyant au besoin d’une telle gestion, je pense qu’elle met toute la pression sur les communautés littorales. Ce sont elles qui doivent porter la lourde charge de surveiller leurs ressources, alors qu’il n’y a aucune aucune participation des communautés qui savourent les soi-disants « délicieux fruits de mer » produits aux prix de la vie des populations littorales.
Je préconise par conséquent, qu’ICSF, en tant groupe d’appui international, lie cette question à une campagne plus large de consommateurs et trouve les moyens d’intervenir dans les pays d’importation avec des actions de soutien sélectif à l’importation de crevettes roses qui ne détruisent pas l’écologie.
Les crevettes écolophiles
Bien sûr, il s’agit de clarifier ce qu’on entend par « amies de l’écologie ». Elles doivent répondre aux critères suivants:
* elles sont capturées avec des engins passifs
* élevées semi-intensivement sans détruire les mangliers ou les plans d’eau
* traitées par des exportateurs qui respectent les droits du travail, surtout ceux des femmes qui forment la majorité des travailleurs des usines de traitement.
Je suis sûr que de telles stratégies peuvent être élaborées, surtout quand je vois le succès que les autres campagnes ont eu - la campagne du thon - ami du dauphin - ou l’embargo sur l’importation des tapis indiens en exploitant le travail des enfants. Je pense qu’une campagne de cette nature pourrait initier d’autres campagnes dans les domaines où l’économie du marché croissant pénètre et détruit les moyens d’existence des populations marginalisées dans le monde entier.
Je pense aussi que c’est un moyen par lequel nous pouvons exprimer concrètement notre soutien aux travailleurs de la pêche « à petite échelle ».
environnement, commerce de la pêche, aquaculture, gestion des ressources naturelles
, Italie, Thaïlande
Nalini NAYAK est responsable du programme « Femmes dans la pêche " d’ICSF.
Document interne
NAYAK, Nalini
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