05 / 1995
Alors que la Namibie se réjouit de son indépendance péniblement gagnée, sa nouvelle vigueur se trouve vite modérée par quelques dures réalités économiques.
Les bases traditionnelles de son économie - exploitations minières et agriculture - s’effondrent avec une récession mettant des milliers de gens au chômage. Mais l’importance nouvelle des pêches comme point central d’une économie de croissance créatrice d’emplois est réjouissante. Selon la revue de l’Afrique du Sud "Shipping News and Fishing Industry Review", les stocks de poissons au large de la côte de la Namibie, ont plus que doublé depuis l’indépendance; ceci grâce à l’amélioration de la gestion des accès aux zones nationales de pêche du gouvernement de la SWAPO. Précédement, les chalutiers étrangers - principalement russes, européens de l’est et espagnols - étaient pratiquement libres d’opérer à leur guise dans les mers namibiennes. Ils braconnaient le poisson, le congelaient à bord et transportaient les prises chez eux pour la transformation. Les Namibiens ont très peu bénéficié de toute cette activité.
Maintenant, par contre, les choses changent. La croissance du secteur pêche est impressionnante. En 1990, il a contribué de 3% au PIB, 450 millions de Rabds ou 200% de plus qu’en 1989. En 1991, la plupart du PIB s’est élevé à 6% et a presque doublé l’année suivante.
Des prévisions à long terme estiment la production de poisson à presque 1 million de tonnes par an. Cela devrait rapporter un revenu de 0,8 à 1,2 milliards de rands. Les analystes s’attendent à voir grimper les stocks de précieux merlus et pilchards alors que ceux de maquereau devraient baisser.
Malgré ce pronostic encourageant, le secteur des pêches de Namibie est handicapé par un manque de services à la production et à la commercialisation.
Le gouvernement de la SWAPO espère aborder ces questions. Il aimerait voir plus de prises traitées à terre. Il négocie aussi une convention de pêcherie avec l’Union Européenne (UE). Cela pourrait créer non seulement plus de travail pour les Namibiens, mais aussi amener de nouvelles collaborations avec des entreprises européennes spécialisées dans le poisson et l’alimentation.
Dans l’état actuel des choses pourtant, les politiques européennes de pêches menacent les pêcheries et les travailleurs de la pêche des pays côtiers africains tels que la Namibie. Cette menace a été mise en lumière lors de la Conférence ’Bataille pour le poisson’ organisée à Bruxelles par la "Coalition pour les Accords de Pêche Equitables" (CAPE).
George Gavanga, secrétaire du syndicat des travailleurs de l’Alimentation et des secteurs annexes de Namibie (NAFAU)a souligné la nécessité de voir les entreprises mixtes garantir aux namibiens des boulots qui ne soient pas restreints aux travaux manuels à bord des navires de la pêche. Ils devraient avoir des contrats sûrs de travail incluant la possibilité de formation et de promotion.
Mais malheureusement, l’inégalité persiste aussi dans le pays. La loi maritime namibienne interdit les grèves en mer. Cela donne donc aux capitaines le droit d’embaucher et virer les travailleurs de la pêche à leur gré.
Souvent sans lien
De plus, il n’y a souvent pas de lien entre ceux qui travaillent sur les navires et les ouvriers des usines à terre, bien qu’ils soient employés par la même société.
Il existe d’autres problèmes plus spécifiques. A Walvis Bay, par exemple, certains employeurs s’abritent derrière la loi Sud-Africaine vu que l’enclave est toujours revendiquée par l’Union sud africaine. Afin de gagner des salaires plus élevés et de meilleurs conditions de travail pour les travailleurs de la pêche de Namibie, la NAFAU a commencé des négociations avec la plupart des sociétés de pêche de Walvis Bay.
Bien que le syndicat ait été créé dès Septembre 1987, il n’a pu négocier que depuis Novembre 1992. Avant, il n’était ni reconnu, ni légalisé en Afrique du Sud en tant que représentation des travailleurs.
Entre temps, au moment même où ces obstacles persistent, de plus en plus de Namibiens découvrent les fruits économiques des pêches. la petite ville au bord de la mer de Henties Bay par exemple, a récemment vu la naissance de l’entreprise de la communauté d’Indileni.
C’est un projet coopératif de pêche, qui contrôle et réglemente les activités de ses membres. Un membre peut attraper 30 poissons ou 30 kg de poissons par jour ou transporter 60 poissons ou 60 kg de poissons par véhicule.
Le fait que les Namibiens noirs puissent maintenant partager les gains de la pêche est un encouragement important et durable. Personne ne regrette le temps où leur participation se limitait à une aide passive aux pêcheurs plaisanciers sud-africains. Aujourd’hui, les Namibiens pêchent eux-mêmes pour un avenir prometteur.
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, Namibie
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