05 / 1995
De plus en plus les Russes s’étonnent de ne pas trouver assez de lieu noir, de morue et d’autres espèces qu’ils aiment tant. La raison est simple: la surpêche dans les mers russes a épuisé les stocks et la plupart des captures sont destinées à l’étranger.
Mais le Comité des pêches de la Fédération Russe (RUSCOMFISH), une organisation très importante, continue à ignorer ce pillage.
Les critiques écologiques comme Greenpeace disent que cette organisation se soucie peu de voir diminuer les ressources marines locales, car elle est lancée dans la course vers les devises fortes.
Greenpeace estime que seul un tiers des 4,5 millions de tonnes de poissons capturés en 1992 sont parvenus au marché russe. Les entreprises mixtes (joint ventures)et les accords directs avec les sociétés étrangères s’assurent que le reste quitte la Russie. En 1991-92 par exemple, plus de 600.000 tonnes de poissons d’extrême orient représentant plus de US $ 1,5 millions avaient été exportés outre-mer.
L’ancienne URSS avait bâti une énorme flotte de pêche hauturière: plus de 1.200 vaisseaux ayant un tonnage total de 8,6 millions, soit 6 à 12 fois plus grand que celui des flottes japonaises et américaines.
"Tous les bâteau russes étaient dans les mains de quelques entreprises, rassemblées pour former un monopole", dit Ernest Chernyi de l’Union des Travailleurs indépendants de la Pêche de la Fédération Russe.
Ce qui se passe dans la mer d’Okhotsk illustre les problèmes actuels. Une petite zone au centre de cette mer se trouve hors de la ZEE russe de 200 milles représentant donc des eaux internationales. N’importe quel bateau d’un pays quelconque est libre d’y pêcher.
En 1991, à tout moment, on pourrait y trouver 51 bateaux étrangers; ils ont capturé 700.000 tonnes. En 1992, le nombre de bateaux a augmenté jusqu’à 90 et leurs prises sont également passées de 50 à 100 tonnes par jour, soit un million de tonnes par an.
La capture de l’an dernier par les flottes étrangères aurait même dépassé ce million de tonnes, ce qui est beaucoup plus que la capture totale permissible. En fait, elle est supérieure à la capture totale des pêcheurs russes dans la mer d’Okhotsk. Pendant que la ressource disparaît de leurs eaux, les pêcheurs russes connaissent un chômage croissant.
Considérons la mer baltique - la pêcherie de la baltique russe est aussi mal gérée. La Commission Internationale de la Pêche de la Mer Baltique (IBSFC)a été fondée en 1973 en vue d’empêcher une répétition d’effondrement des stocks des harengs qu’avait connu la mer Nord.
Les pêches industrielles
Mais l’IBSFC n’a pas pu empêcher le déclin des stocks de saumon et de morue. Les pêches industrielles capturent les harengs et les sprats pour le but de les dégrader en engrais et en huile. Les stocks de poissons sont si bas que plusieurs pêcheurs souhaitent maintenant la mise à mort sélective des phoques qui braconnent les poissons dans les filets. L’épuisement général a aussi affecté défavorablement les autres animaux marins comme les phoques, les marsouins et les oiseaux marins.
D’après Greenpeace, la mer baltique a la distinction suspecte d’être la mer la plus polluée du monde. Un des résultats des polluants organiques continuels est la maladie M74 qui tue certains alevins dans les sacs vittellins des saumons baltiques. Greenpeace trouve "alarmant que l’IBSFC n’aie ni réagi ni même informé les experts de saumons à propos de ce problème".
Pour aggraver les problèmes sociaux-économiques auxquels font face les communautés côtières de la Russie, le manque d’approvisionnement fait augmenter les prix du poisson et des produits de pêche. Le Comité des pêches prédit une hausse des prix de 4 à 500% dans un proche avenir.
Curieusement, c’est l’organisation officielle chargée de surveiller l’industrie de pêche du pays, et d’assurer l’approvisionnement des marchés locaux, qui annonce ces nouvelles. Le mandant du Comité est impressionnant. Il subventionne les recherches scientifiques et les mesures de conservation. Il délivre les permis de pêche et les permis pour la construction et l’achat des bateaux de pêche. Il alloue, en plus, les quotas et, suscite les accords inter-gouvernementaux.
Mais en fait, comme le remarque Greenpeace, ces fonctions représentent un système essentiellement fermé et autosuffisant qui détermine les quotas, contrôle et organise, aussi bien les entreprises mixtes, les petites entreprises et les sociétés par actions, que les enquêtes scientifiques, entrainant les captures de milliers de tonnes de poissons.
Il est facile de voir pourquoi le Comité des Pêches s’est intéressé tant à l’accroissement des captures: il retient 90% des profits en devises fortes provenant des exportations de poissons et des produits de pêche.
En 1993, les limites que RUSCOMFISH a fixé dans les bassins d’extrême orient et du nord des mers russes ont dépassé 180.000 tonnes de lieu, de morue et d’églefin, rapportant US $ 132.000 millions. De même, il y a deux ans, le Comité a accordé 5.000 tonnes de morues à Inter Atlantic, une collaboration qu’il a aidé à mettre sur pied.
Quelques critiques disent que RUSCOMFISH est néanmoins, en faillite. Mais pour la période de 1993-95, le Comité a demandé des subventions de 3.000 millions de dollars US à l’Etat pour supporter les entreprises de pêche en faillite.
Greenpeace et d’autres organisations écologistes concernées en Russie souhaitent que les responsabilités du Comité soient transférées à un orgaisme indépendant, comme le Ministère de la Protection Ecologique et des ressources naturelles.
Suite à une lettre de Juin 1993 écrite au Conseil des Ministres russes par E.L.Shirokov, Adjoint au Procureur Général de la Fédération Russe, il est apparu que le Ministère lui-même est à couteaux tirés avec le RUSCOMFISH.
Les organismes de la protection de pêche et les départements officiels des sciences de la pêche jouant le rôle d’hommes d’affaires, aident à la vente de poissons aux flottes étrangères, et sont fréquemment les violateurs des lois de pêche qu’ils ont eux-mêmes établies", dit-il.
Le Service Marin d’Etat appartenant au Ministère a aussi intenté un procès à RUSCOMFISH pour une somme de 7,7 millions de roubles citant une surpêche de 85.000 tonnes de lieu dans la région de Severomorsk.
Ernst Chernyi dit, "évidemment l’état de la pêcherie en Fédération Russe n’a pas subi des changements significatifs depuis le démembrement de l’Union soviétique".
Le Comité des Pêches maintient sa poigne d’acier sur presque tous les aspects de l’industrie. Si nous souhaitons préserver nos stocks de pêche pour les générations à venir, nous devrons rompre le monopole de la pêche qui existe toujours en Russie", continue-t-il.
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, Russie
Reportage paru dans ECO signé par Ernst Chernyi de l’Union travailleurs indépendants de la Pêche de la Fédération de Russie.
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CHERNYI, Ernst in. ECO; - Article tiré des analyses de Greenpeace, sur des documents officiels du gouvernement russe.
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