Pour les femmes de Fidji, la pêche est une activité importante bien que parfois négligée
05 / 1995
Pour les femmes de Fidji comme leurs soeurs dans le reste du monde, s’occuper de maison et d’enfants n’est qu’une des nombreuses responsabilités. Leurs vies professionnelles sont consacrées aux travaux d’artisanat, du développement communautaire et de la pêche.
Fidji possède un littoral de plus de 5000Km et en 1991, la production totale de la pêche a atteint 33.000 tonnes. La pêcherie comprend la pêche de subsistance, artisanale et industrielle. Fidji est encore importateur de produits de pêche. En 1991 par exemple, malgré ses exportations des 8.320 tonnes de produits de pêche, ses importations brutes ont atteint environ 13.050 tonnes de maquereau et de lieu destinés à la consommation locale et, de l’albacore pour la transformation à la PAFCO (Pacific Fishing Company).
La pêche constitue la deuxième source de revenu après l’industrie de la transformation de la canne à sucre dans les îles.
Les villages de pêche se trouvent à proximité l’un de l’autre; mais les ressources, les saisons de pêche et les engins de pêche diffèrent même s’ils ne se sont séparés que par 2km.
Le département des Pêches du gouvernement de Fidji émet les licences de pêche et les permis de vente; ceci pour contrôler uniquement la pêche commerciale. Ni permis ni licences ne sont nécessaires pour la pêche destinée à la consommation locale. D’après le Directeur, le Département est la troisième source de revenu du Gouvernement après les douanes et le revenu intérieur.
Il se veut en outre autosuffisant et refuse la dépendance des agences d’assistance extérieure. Autant que possible, il décourage les subventions, encourageant plutôt les entreprises individuelles.
Les licences pour la pêche commerciale ne sont délivrées qu’aux femmes qui possèdent un moteur hors bord et du matériel de pêche adéquat. La plupart des femmes de Ra ont des permis, et quelques unes possèdent les licences de pêche.
Au nord de Veti Levu, à Rakiraki, un grand nombre des femmes s’intéressent activement à la pêche, à la récolte de coquillage trochus en plongée.
A Rakiraki, les femmes pêchent presque tous les jours et utilisent deux types de bateaux de 28 pieds et 16 pieds de long avec moteurs in-bord ou hors-bord. Les premiers peuvent transporter 10 ou 12 femmes. Avec un moteur hors-bord de 24 CV, le bateau prend presque une heure pour parvenir à la zone de pêche, très souvent à l’extérieur du récif coralien.
Ces femmes sont apparentées soit aux propriétaires du récif, soit au Chef. La plongée se fait la nuit de 21h30 à 03h00 du matin. Une nuit de plongée rapporte environ 300 dollars de Fiji. La pêche a lieu tous les jours sauf le samedi, tandis que la plongée est pratiquée un jour sur deux. La participation des femmes aux activités liées à la pêche inclut également la fabrication des filets en nylon, des pièges et le fumage du poisson.
Chaque semaine les femmes paient l’équivalent de deux jours de capture à l’organisation du village. Elles retiennent l’équivalent d’une journée de prise pour l’éducation et le dévelopement du village à travers les activités comme le système sanitaire, la construction des jetées et les salles communautaires. Elles ont de 19 à 50 ans, mais celles qui plongent sont plus âgées.
Bien que les hommes et les femmes pêchent parfois ensemble, très souvent ils pêchent séparément. Le dimanche, ils ne vont à la pêche que pour la famille. Les risques du métier incluent la surdité et les douleurs aux articulations.
D’après la coordinatrice de l’Association des femmes de Rakiraki, la pêche est un travail plus facile que le ramassage du bois de chauffage ou le jardinage.
Il est plus laborieux de porter une corbeille de racines alimentaires que de plonger à la recherche des poissons et les ramener sur le bateau, dit-elle. Pour le nettoyage des poissons, les autres membres de la famille les aident, contrairement au travail de nettoyage et de cuisine de racines alimentaires.
Les femmes pêcheurs de Ra conservent la pêche, soit en fumant le poisson, soit en le séchant au soleil. On peut aussi, soit le bouillir dans l’eau de mer profonde, ou si l’on veut le préserver une nuit, le frire. Les congélateurs ne sont utiles que dans les zones possédant l’électricité.
Les femmes pêcheurs vendent leur capture aux intermédiaires dans les petites villes et dans les villages qui, à leur tour, en revendent dans d’autres grandes et petites villes. Il y a aussi les commerçants exportateurs qui achètent les poissons, les coquillages, les perles et les langoustes pour les marchés internationaux des Etats Unis, d’Australie, de Corée, de Japon et de Chine.
Les femmes de Ra respectent les droits territoriaux traditionnels et font particulièrement attention pour ne pas perturber les zones et les saisons de pêche des autres.
Les croyances coutumières les aident à garder un respect mutuel. Elles considèrent que la mer peut punir les contrevenants sous forme d’un coup de queue de raie ou d’un poisson vénimeux ou même d’une disparition totale des captures. Le Ministère des femmes du Fidji a un programme de développement social et économique des femmes. Ce programme s’articule autour d’ateliers et diverses formations. Sur le front social, le programme englobe les problèmes d’écologie, les programmes de repas à l’école, l’hygiène et la réalisation d’objectifs personnels. Sur le front économique, ils traitent des questions de base concernant le commerce et la finance: comment établir un budjet, estimer un prix de revient, fixer des prix de vente et tenir la comptabilité.
La pêche reste considérée comme une activité réservée aux hommes même si les femmes y participent.
La femme ne peut pêcher que si son mari possède les droits et ce, seulement s’il est vivant. Une veuve sans fils n’a pas le droit de pêcher. Le Ministère des femmes cherche à souligner l’importance de la conscience des femmes et leur façon de vivre. En même temps, il cherche à améliorer leur position économique.
Redoutant une diminution des productions halieutiques, le Département des pêches s’appête à lancer des programmes de gestion et d’information de la population.
Un Conseil pour la Gestion de Pêche regroupant les différentes sections autonomes, sous l’égide du Département de pêche est aussi envisagé.
A propos de la situation des femmes du Fudji, Saukalou remarque: "je pense que la pêche est un domaine qu’elles comprennent bien et auquel elles sont adaptées. Surtout, c’est une obligation traditionnelle de leur communauté."
Ce sentiment a été répété par Milika Naqasima, présidente du Conseil d’Administration du Réseau "Femmes et Pêche", dont le siège se trouve à Fidji.
Selon Naqasima, les femmes peuvent tenir un rôle central comme gérantes des ressources de la pêche, mais la négligence des activités assurées par les femmes pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la sécurité alimentaire et la survie même des communautés des îles du Pacifique._
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, Fidji
Articles et dossiers
SAMUDRA REVUE, 1993/11/01, 8
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