10 / 1995
Origine du projet
Au cours de l’été 1990, dans de nombreuses villes italiennes, se développèrent des occupations de logements vides de la part d’immigrés sans abri. Les résultats de ces luttes furent matière à controverse, mais le problème du logement fut enfin posé avec force aux pouvoirs publics, aux organisations de travailleurs, de locataires et du volontariat.
Vers la fin de 1990, parmi les personnes plus sensibilisées, prend corps l’exigence de fournir des réponses durables qui puissent résoudre le problème du logement pour les travailleurs émmigrés provenant du Sénégal, du Nigéria, du Maroc, d’Algérie et de Tunisie et des italiens, qui ont en commun le fait d’être sans logis ou expulsés et sans aucune possibilité d’obtenir l’assignation d’une habitation à loyer modéré.
Au mois de décembre 1991, l’Unione Inquilini organisa un Séminaire international "Une maison pour tous pour une nouvelle ville" avec la collaboration de HIC (Habitat International Coalition)et avec le soutien de la FPH (Fontation pour le Progrès de l’Homme)et sous le patronage de la Municipalité de Padoue. C’est à cette occasion que mûrit l’hypothèse de créer un réseau d’associations d’immigrés et inter-ethniques afin d’échanger des connaissances au niveau européen et de favoriser la participation des personnes directement impliquées dans la lutte pour le droit au logement et contre l’exclusion sociale. L’unione Inquilini se chargea alors de coordonner cette initiative sous le nom de Projet Coraux.
Objectifs généraux
Il ne s’agit pas de promouvoir l’assistance aux plus faibles, mais de favoriser la participation directe et indépendante des groupes de base, associations, coopératives de logement, communautés d’immigrés ou inter-ethniques qui souhaitent connaître les différents façons d’aborder le problème, étudier des interventions en partenariat au niveau local ou regional, lutter de concert avec toutes les organisations concernées par la mise en oeuvre de politiques de logements sociaux visant à la cohabitation inter-ethnique et pluriculturelle dans les villes européennes.
Objectifs opérationnels
Développer une dynamique capable de :
1. Créer des groupes pour assurer une coordination internationale des projets intégrés pour la lutte contre l’exclusion sociale dans les quartiers habités par plusieurs ethnies;
2. organiser des cours de formation pour les opérateurs du secteur de l’habitation des groupes immigrés et des institutions publiques;
3. réaliser des projets-pilotes pour la réhabilitation de quartiers dégradés.
Actions réalisées
En Italie, le projet Coraux a contribué à la mise en oeuvre d’un Réseau d’organismes privés pour les logements sociaux (RIAS), qui a pour but de coordonner des projets d’habitations pour les populations défavorisées et des cours spécifiques de formation pour opérateurs du secteur. Avec la collaboration d’un organisme de volontariat, le DAR Genova, s’est en effet établie une circulation assez importante de personnes et d’idées, ce qui a permis le développement d’une espèce de troisième pôle se posant de façon critique entre l’Etat et le marché.
A Rome, le Projet Coraux a permis l’élaboration d’un projet social de réhabilitation d’une zone dégradée, Tor Sapienza où, jusqu’au mois de juin 1993, un millier de sans-abri, italiens, immigrés et réfugiés, habitaient un bidonville. La destruction des baraques par l’intervention des forces de police a dispersé les habitants.
De la même façon, le Projet Coraux a permis de faire circuler des informations sur des expériences autogérées de réhabilitation d’habitation mises en oeuvre en France, Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, etc.
A Padova, l’Unione Inquilini (Union des Locataires), proposa en juin 1991, la création d’une première coopérative inter-ethnique d’autoréhabilitation des logements. La Coopérative se compose actuellement de 60 associés.
Relation ONG-Municipalités
La Coopérative propose aux municipalités des conventions, au moyen desquelles elle se fait confier des logements vides et dégradés, ou sujets à expropriation, qui seront ensuite remis en bon état, grâce au travail et aux économies des associés. Les améliorations portées aux logements seront seront comptabilisées et déduites du futur loyer. La propriété des logements reste publique et, à la fin de la convention, les associés deviennent des locataires d’HLM comme tous les autres.
L’auto-réhabilitation, quand elle est bien conduite, porte à faire une économie jusqu’à 40% sur le prix de revient. Le restant devrait être subdivisé en parts, d’un côté l’autofinancement de la coopérative, de l’autre les contributions de la part de la Municipalité, de la Région et de l’Etat.
Après plus d’une année de lutte l’Unione Inquilini est aujourd’hui sur le point de signer la première Convention avec la Mairie de Padova. Grâce à cet accord, il est prévu de récupéré quatre maisons, non pas pour y réaliser des centres de premier accueil, mais pour être habités d’une manière stable par une vingtaine de personnes.
Impacts de l’expérience
Au niveau local, certaines municipalités de la province de Padova se sont montrées intéressées à la possibilité de récupérer et de restaurer selon ces modalités des ex-bâtiments scolaires ou des ex-maisons de garde-barrière. Mais, malgré tout, les administrations continuent à considérer les sans-abri, immigrés ou italiens, comme des assistés passifs plutôt que des sujets actifs.
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La Démarche de l’Unione Inquilini et du Projet Coraux permet ainsi :
-d’offrir une réponse concrète aux sans-abri;
- de donner du travail ainsi que la possibilité d’une formation professionnelle aux chômeurs;
- de valoriser un patrimoine dégradé et inutilisé
- de réaliser des typologies de construction appropriées aux exigences des destinataires;
- de mettre sur pied des projets capables de montrer qu’il est possible de vivre ensemble, au-delà des différences géographiques ou culturelles.
Par ailleurs, des projets d’intervention beaucoup plus importants continuent à se heurter à des résistances très fortes. C’est le cas d’un plan pour la réalisation de 20 habitations dans un quartier inter-ethnique de Padova avec différents éauipements commerciaux et culturels.
Fiche réalisée dans le cadre du Projet Coopération Gouvernements/ONG
Rapport
OTTOLINI, Cesare, UNIONE INQUILINI, UNIONE INQUILINI, 1993/11 (ITALIA)
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