10 / 1994
L’effet Gorbatchev commence dès la fin de 1984, lorsque M.Thatcher reconnaît en lui "un homme avec qui on peut faire affaire". Une offensive diplomatique en direction des Occidentaux sans précédent commence à partir de 1985 (visite en France, rencontre avec R.Reagan à Genève)et permet à l’U.R.S.S de modifier son image extérieure, comme le confirme la signature fin 1987 du premier accord de désarmement de l’ère nucléaire.
L’Occident, séduit, attend tout de même des gages prouvant que la volonté de changement de l’U.R.S.S est réelle. Les promesses de réduction unilatérale de 500.000 hommes sur 2 ans, dans le cadre des négociations portant sur les forces conventionnelles, ne suffisent pas, d’autant que les investissements militaires soviétiques ne diminuent pas. Le ratrait d’Afghanistan, effectif en février 1989, donne en revanche le preuve que l’expansionnisme soviétique a vécu.
Les opinions publiques occidentales affirment leur affection pour M.Gorbatchev, considéré comme l’artisan de la relance de la détente. Les dirigeants politiques manifestent plus de réserve : ils multiplient leurs voyages à Moscou, établissent des contacts chaleureux avec M.Gorbatchev, mais restent vigilants sur les principes. M.Thatcher s’inquiète publiquement du respect des droits de l’homme en U.R.S.S. La doctrine française consiste à "guetter tout ce qu’il y a de nouveau, mais ne pas céder à des illusions ni faire des concessions sur les intérêts occidentaux". On constate donc, au moins jusqu’en 1989, un décalage entre la perception de M.Gorbatchev par les opinions publiques occidentales et celle de leurs dirigeants politiques.
A partir de 1989, les opinions s’accordent. L’antagonisme idéologique n’apparaît plus de mise. Les hommes politiques occidentaux deviennent beaucoup plus attentifs aux exigences de M.Gorbatchev : ils comprennent que les difficultés qu’il connaît à l’intérieur de son territoire peuvent lui être fatales. L’aide extérieure est donc vitale afin d’empêcher que l’U.R.S.S ne tombe aux mains des généraux et des conservateurs : la C.E.E accorde une aide alimentaire, les G7 approuvent le principe d’assistance à l’U.R.S.S, des lignes bilatérales de crédit sont ouvertes. La seule réticence vient des Etats-Unis qui préférent privilégier l’assistance à la Pologne et la Hongrie, afin d’empêcher tout retour de ces pays à l’ordre antérieur. Rapidement, se produit un paradoxe : M.Gorbatchev est beaucoup plus soutenu dans les pays occidentaux que dans son propre pays! L’aide matérielle et le soutien politique extérieurs ne parviennent pourtant pas à le sauver.
relations internationales, diplomatie, démilitarisation, armée, opinion publique
, Russie
Il est frappant de constater une similitude dans l’attitude occidentale par rapport à M.Gorbatchev et à B.Eltsine. Dans les deux cas, l’Occident privilégie le pouvoir en place lorsu’éclatent des crises sur le territoire soviétique, puis russe. M.Gorbatchev a beau ne pas être soutenu chez lui, il est soutenu par les Occidentaux. B.Eltsine envahit la Tchétchènie et suscite la réprobation de ses citoyens, l’Ouest ne le condamne pas. Il faut voir dans cette attitude la peur occidentale d’un retour au pouvoir de partisans de l’ordre ancien.
Rapport
ALEXANDROVITCH, Maria, FRANCE OURAL
Association France Oural - 14, rue des Tapisseries, 75017 Paris, FRANCE - Tél : +33 (0)1 46 22 55 18 / +33 (0)9 51 33 55 18 - Fax : +33 (0)9 56 33 55 18 - France - www.france-oural.org - franural (@) free.fr