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La thérapie de choc en 1991 en Russie

10 / 1994

Fin 1991, la situation économique de la Russie reste fort préoccupante. A l’intérieur, l’inflation augmente d’1% quotidiennement, le déficit budgétaire atteint 20 à 30% du P.N.B, la production chute de 15 à 20% en 1991. La fuite devant la monnaie, se traduisant par une dollarisation extrême de l’économie, conduit à l’adoption de comportements autarcisants. A l’extérieur, les importations baissent de 40%. Les échanges entre les Républiques diminuent fortement.Au moment de la fin de l’U.R.S.S, la thérapie de choc apparaît comme la seule solution permettant de rétablir un minimum de cohérence dans un contexte économique si chaotique.

Cette politique de stabilisation est lancée en janvier 1992, sous l’impulsion de B.Eltsine et d’E.Gaïdar. Elle comporte des éléments d’une thérapie de choc classique : d’un côté, libération de l’activité, des prix (le 2 janvier 1992), du change (les citoyens sont autorisés à changer des roubles dans la rue); de l’autre, restriction du déficit budgétaire et de l’accumulation de la masse monétaire.

Mais cette thérapie de choc s’avère incomplète pour plusieurs raisons. Les mesures de libération, d’une part, sont partielles. Le secteur énergétique, en amont de la production, et les biens de première nécessité, restent règlementés. La politique menée souffre également de l’absence d’adoption d’un taux de change unique pour l’ensemble des agents. Les mesures de contrainte, d’autre part, se heurtent au fait que le gouvernement n’ait pas choisi un taux de change du rouble suffisamment bas pour freiner les imports et relancer les exports. L’absence de mise en oeuvre des contraintes salariales pose également problème, dans la mesure où l’Etat se fixe comme objectif de réduire les dépenses budgétaires.

Des raisons conjoncturelles permettent d’expliquer ces lacunes : la réaction sociale à des mesures de restriction salariale reste imprévisible, la libération des prix de l’énergie risque de provoquer des tensions entre la Russie, fournisseur principal et ses clients, les autres Républiques de l’ancienne Union soviétique.

A partir du mois de mars, E.Gaïdar tente d’imposer un nouveau paquet de mesures complémentaires. Au programme, avec la bénédiction du F.M.I : libération progressive des prix de l’énergie, définition graduelle d’un taux de change unique du rouble, contrôle de la progression des salaires. Ce second volet de mesures suscite de vives critiques politiques alors que, jusque là, le consensus était presque général sur la nécessité de la thérapie de choc. Le combat entre radicaux et modérés fait rage en avril, durant le sixième Congrès des députés du peuple. E.Gaïdar, contesté, poursuit sa politique jusqu’en mai, mais à partir de juin, il doit faire des compromis : relâchement de la contrainte monétaire et maintien de l’aide financière aux entreprises endettées. Il parvient en revanche à lancer des mesures importantes : instauration d’un cours unique du rouble, augmentation des prix de l’énergie et adoption d’un programme de privatisation. Sous la pression de ces adversaires politiques, E.Gaïdar démissionne en décembre 1992.

Mots-clés

globalisation économique, économie, crise économique


, Russie

Commentaire

bilan de la thérapie de choc est mitigé : l’inflation n’est pas maîtrisée, le financement du déficit budgétaire par la création monétaire se poursuit, le produit matériel net baisse, ainsi que les exportations. Les points positifs sont la prévention d’un déficit budgétaire catastrophique, la stabilisation de la valeur du rouble, le développement d’un secteur privé.

La carrière politique d’E.Gaïdar, sa disgrâce et son impopularité sont déterminées par cette politique. En revanche, il bénéficie de la sympathie des organisations financières et monétaires internationales.

Source

Rapport

ALEXANDROVITCH,Maria, FRANCE OURAL

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