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Guinée Equatoriale : un narco-régime en Afrique

11 / 1994

La Guinée équatoriale a connu, le 21 novembre 1993, ses premières élections "démocratiques" très contestées. Le pays est en effet gouverné d’une main de fer, depuis l979, par Obiang Nguema, appelé "Le président Fondateur." Violation des droits de l’homme, corruption et trafic de drogue, sont les instruments d’une famille pour se maintenir au pouvoir. Lorsque des personnalités sont prises la main dans le sac, le régime doit cependant prendre des mesures de façade. Ainsi, en novembre 1993, un décret, signé par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasongo, destituait l’ambassadeur de Guinée équatoriale en Espagne, Bruno Esodo Ondo. L’épouse de ce dernier, Anita Mbegono Asu Alene, cousine du chef de l’Etat, avait été trouvée en possession de 32 kilos de cocaïne dans une valise alors qu’elle tentait de prendre, du Brésil, un avion à destination du Nigéria. Le premier secrétaire, le chargé de presse et l’attaché militaire de l’ambassade ont été également limogés. Les membres de cette mission diplomatique avaient en effet constitué un vaste réseau international agissant sous couvert de l’immunité diplomatique, dont le chef, qui lui n’a pas été inquiété, est Armengol Ondo Nguema, le propre frère du président. Selon la police espagnole les 32 kilos de cocaïne auraient été expédiés en avion ou bateau du Nigeria au Gabon. La cocaïne aurait gagne ensuite sur des embarcations légères la Guinée équatoriale afin d’être embarquée sur le vol hebdomadaire d’Iberia qui relie Malabo à Madrid. De là, elle est redistribuée dans toute l’Europe. La police espagnole a également indiqué que des fonctionnaires de l’ambassade se sont personnellement rendus en Thaïlande et en Colombie pour prendre livraison de la drogue et que d’autres diplomates ont été arrêtés sur les aéroports de New York, Las Palmas et Lagos.

La liste des diplomates de ce pays pris la main dans le sac est longue. Pour s’en tenir aux années quatre-vingt-dix, le 8 octobre l990, l’ambassadeur de Guinée équatoriale en France, Jesus Ela Abeme, a été arrêté, pour trafic d’héroïne, à l’aéroport de Santa Isabel à Malabo. Son épouse portait une valise contenant 15 millions de francs CFA (300 000 FF). En 1991, le lieutenant-colonel David Eyama Angüe Osa, attaché militaire au Nigéria fut surpris en train de récupérer, dans le fret d’un avion de la compagnie brésilienne Varig, 30 kilos de cocaïne cachés dans des batteries pour voitures. Après que les Nigérians ont demandé la levée de son immunité diplomatique, le président Nguema a envoyé son fils aîné, Teodoro, pour négocier avec le chef de l’Etat nigérian lui-même, qui était alors le général Babangida, la libération de son protégé. La police antidrogue du Nigéria (NDLEA)a alors protesté en insinuant que l’attaché militaire travaillait en fait pour le président de la Guinée équatoriale. D’une façon générale, les cadres des affaires étrangères expulsés d’Espagne, des Canaries et du Nigéria pour trafic de drogue, sont nommés ensuite à des postes importants par le président. Il semble que la Guinée équatoriale soit également un centre de blanchiment. A la suite de l’enquête sur le trafic de cocaïne en provenance du Brésil, un avocat français a été écroué au mois de décembre l992, pour avoir créé, sans autorisation, une banque (International African Bank)dont le siège devait être installé en Guinée équatoriale. Le 20 juillet l993, la police suisse a refoulé du pays, Guy Lansol, le conseiller économique français du président Teodoro Obiang.

Mots-clés

trafiquant, corruption, drogue, cocaïne, trafic de drogue, délinquance, rôle de l’Etat


, Guinée Equatoriale

Commentaire

Bien qu’hispanophone, ce pays, en adhérant à l’UDEAC (Union douanière et économique de l’Afrique Centrale), est passé en 1983 de la zone d’influence de l’Espagne à celle de la France : adoption du franc CFA, demande d’entrée dans la francophonie, appel aux investissements français, etc. Cette position explique sans doute les silences de la France, dont l’ambassadeur à Malabo entretient des relations très étroites avec le président. Les autorités espagnoles, qui sont concernées au premier chef par les activités des ressortissants de Guinée équatoriale sur leur territoire, ont fait savoir au gouvernement français sans grand résultats, qu’ils désapprouvent cette mansuétude.

Notes

Les sources d’information de cette fiche sont confidentielles et non communicables.

Source

Enquête

OGD=OBSERVATOIREGEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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