11 / 1994
Depuis le début des années 1990, des sources officielles marocaines évaluent, officieusement, à 2 milliards de dollars l’apport du trafic de haschisch au produit intérieur brut marocain. Cette estimation est généralement reprise depuis un an, notamment dans la presse marocaine. Il est intéressant de rapporter ces 2 milliards aux grands chiffres de l’économie marocaine (données 1992): PNB : 25,3 milliards de dollars ; total des exportations légales : 3,6 milliards de dollars ; l’exportation de produits agricoles et agroalimentaires a rapporté 450 millions de dollars ; les phosphates et acides phosphoriques ont rapporté 800 millions de dollars (chiffre 1991); les investissements privés étrangers au Maroc ont atteint 460 millions de dollars ; les transferts des quelque 1,2 million de TME (Travailleurs marocains à l’étranger)s’élèvent à 2 milliards de dollars et sont officiellement la 1ère source de devises du pays.
Compte tenu du développement des réseaux de trafic hors du Maroc et de l’implication croissante de ressortissants marocains dans la revente de drogues en Europe, il faut admettre que ce flux de devises intègre un part croissant d’argent sale. Depuis 1973, initialement pour limiter l’hémorragie de capitaux liée au marché noir des devises, le Maroc multiplie l’ouverture dans certaines métropoles européennes (Paris, Bruxelles, Francfort, Anvers)de succursales de banques - Banque centrale populaire, BMCE, BMCI et, plus récemment, BCM et une banque privée, la Wafabank). Ce réseau est utilisé par les trafiquants. Ainsi, en mai 1993, le responsable de l’agence de la Wafabank installée en Arles (France)a été condamné pour blanchiment par le tribunal de Tarascon. Cet employé de banque avait recueilli, entre octobre 1990 et mai 1991, les fonds d’un réseau de trafic de haschisch animé par des ressortissants marocains ; le tourisme, 2e source de devises officielle, a rapporté 1,26 milliard de dollars ; les réserves de change dépassaient 3 milliards de dollars en 1992. Chaque mois, le Maroc verse plus de 200 millions de dollars - soit 2,4 milliards de dollars par an -, pour régler sa dette extérieure qui se monte à 21 milliards de dollars. Cette dette est passée de 130 % du PIB en 1983 à 77 % en 1992, ce qui vaut au royaume chérifien d’être considéré comme un "bon élève du Fonds monétaire international".
trafic de drogue, corruption, drogue, dette extérieure
, Maroc, France
Voir la fiche intitulée :" Les techniques du blanchiment au Maroc"
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Enquête
OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES
OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France