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Le cartel de Tanger et le trafic de haschich

10 / 1994

Si les réseaux marocains de trafic de haschisch agissent indépendemment les uns des autres, ils ne se livrent pas pour autant à une concurrence sauvage et vont même jusqu’à pratiquer un certain degré de concertation. Ainsi, en octobre 1992, immédiatement après la déclaration de "guerre à la drogue" du roi Hassan II, une conférence au sommet a rassemblé, dans un luxueux palais aux environs d’Al-Hoceima, la plupart des barons de Tanger, Tétouan et de la province. Une réunion du même niveau a été convoquée, au cours de l’été 1993, dans une station touristique de la province de Tetouan. En novembre 1992, un article des Nouvelles du Nord brossait un tableau sommaire de ces collusions locales:

"Dans cette ville de province à la réputation toujours au bord de l’infâme, tout est imbriqué : RNI (Rassemblement national des indépendants, parti proche du roi)et chambre de commerce, RNI et Journal de Tanger, municipalité et IRT (le club sportif, dont l’equipe de football évolue en première division), etc... sans compter avec le marché de l’immobilier".

Si l’on s’en tient à la stricte définition du mot cartel - "corporation constituée en vue de contrôler les prix et la production dans un domaine d’activité" -, il existe bel et bien une organisation des exportateurs des produits du cannabis, appliquant une politique concertée de contrôle des prix. Les grossistes, liés aux principaux réseaux, jouent, à cet égard, un rôle fondamental en concentrant sur place la production. L’achat massif des récoltes de kif par des intermédiaires permet, en effet, de maintenir les prix de la matière première au niveau le plus bas et de ne pas les voir varier d’une année sur l’autre en raison d’aléas climatiques ou du fait de l’augmentation constante des surfaces cultivées et donc de l’offre de marchandise.

A l’exportation, le recours aux grossistes permet de contrôler les quantités mises sur le marché. Et donc de maintenir les prix à la vente à un niveau garantissant un maximum de marge bénéf iciaire. En effet, les principaux barons imposent des quotas de vente aux intermédiaires. Les saisies elles-mêmes sont précieuses. Souvent consécutives à une dénonciation, elles sont un autre moyen, fréquemment utilisé, de gérer les stocks.

Mots-clés

circuit de distribution, trafic de drogue, rôle de l’Etat, drogue, commercialisation, cannabis, haschisch


, Maroc, Tanger

Notes

Voir aussi la fiche intitulée : " La structure des réseaux de trafic de haschisch au Maroc"

Les sources d’information de cette fiche sont confidentielles et non communicables.

Source

Enquête

OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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