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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Une philosophie pour les boutiques de solidarité

Un travail en amont de l’insertion : restaurer l’image de soi, restructurer l’individu

Emmanuel PEIGNARD

07 / 1994

Objectif

Sur le principe des Boutiques Solidarité, parer au plus urgent tout en offrant une écoute inconditionnelle aux personnes de passage et en respectant leur anonymat. Afin de permettre aux SDF de poser leurs bagages et de prendre le temps de « souffler », la Boutique met à leur disposition les équipements habituels en matière d’hygiène. Elle leur fournit une domiciliation et sert de boîte aux lettres. L’objectif principal est de renouer le dialogue avec les personnes de passage et de leur donner la possibilité de retrouver leur dignité en restaurant leur image d’elles-mêmes, en échappant un instant à la solitude liée à l’errance.

Locaux

Une maison avec sa petite cour donne sur une avenue excentrée de Perpignan. Le rez-de-chaussée comprend une salle d’accueil, un bureau pour recevoir les personnes à suivre, une douche, des sanitaires, un vestiaire dans lequel sont entassés des vêtements à la disposition de chacun et une bagagerie. Les horaires d’ouverture sont : 8 h 30 - 11 h 30 et 14 h 17 h, du lundi au vendredi.

Populations concernées

La boutique accueille en moyenne 70 personnes de quatorze nationalités par jour. La moitié sont des français. Certains proviennent de Russie, de Pologne ou de Roumanie. Les femmes sont minoritaires, mais de plus en plus nombreuses. Le bouche-à-oreille semble orienter vers la boutique bien des nomades de passage vers l’Espagne et le soleil. D’autres sont des habitués qu’on envisage d’enregistrer afin de les suivre plus fidèlement.

Réseau initiateur

Solidarité 66 est une association 1901 créée en septembre 1992, en même temps qu’ouvrait la boutique solidarité qu’elle gère parallèlement à un hôtel social. A l’origine du projet, le créateur de l’Association Catalane d’Aide aux Libérés (ACAL)propose aux collectivités locales une solution au problème des SDF.

Réseau de soutien

Outre l’ACAL qui propose des dispositifs d’urgence de jour et de nuit (SAMU social), le Secours Catholique, le Secours Populaire, Saint-Vincent-de-Paul, un organisme de restauration et les services sociaux des collectivités collaborent avec la boutique en accueillant les personnes qu’elle leur envoie ou en les lui adressant.

Services offerts

Quatre CES assurent le secrétariat, l’accueil et l’entretien, avec la participation de bénévoles. Le directeur, le chef du service éducatif et deux éducateurs organisent le suivi social. La « philosophie » de l’équipe est fondée sur l’acceptation totale de la personne accueillie, dans sa situation actuelle et ses projets. L’objectif n’est pas d’imposer des démarches d’insertion (stages, dépôts de dossier, RMI,…), mais de susciter des aspirations. Pour cela, on vise d’abord à la « Réparation » de l’individu « cassé » (santé, hygiène, alimentation, repas), puis à la « Restauration » de son image de soi, de sa dignité, de sa confiance. C’est alors seulement qu’on tentera la « Restructuration » de la personne en faisant émerger ses projets et ses intérêts.

Obligations des personnes accueillies

Le respect des locaux et des autres personnes (violence, racisme) est une exigence de la Boutique. On regrette que les bénéficiaires du dispositif ne s’investissent pas davantage en entreprenant de petits travaux dans le jardin, la cour ou le bâtiment. Le danger est de donner de la Boutique l’image d’un « salon de thé » où les défavorisés seraient « choyés » et profiteraient du soleil. Une participation de 5 francs pourrait être demandée afin d’impliquer un minimum les bénéficiaires des équipements.

Sources de financement

Les dépenses d’investissement ont été modiques, la maison étant déjà équipée. Par la suite, afin de faire fonctionner à la fois la Boutique et l’hôtel social gérés par Solidarité 66, en 1993, la DDASS a versé 512.000 FF de subventions de fonctionnement, le Conseil Général 567.000 FF, la Ville 550.000 FF et la Fondation Abbé Pierre 120.000 FF.

Mots-clés

habitat, logement, éducation à la citoyenneté, accès au logement


, France, Perpignan

Commentaire

Les individus étant de passage, il est difficile de dresser un bilan. On estime toutefois qu’un tiers des personnes suivies « s’en sortent », se retrouvent dans une situation moins instable, grâce à un CES ou, exceptionnellement, un CDI. Des cas de réussite encouragent la méthode qui consiste à valoriser, à positiver le moindre projet de l’individu. Surtout, la philosophie de l’équipe éducative est cohérente et partagée unanimement : accepter les aspirations des personnes accueillies et ne pas imposer de démarches rebutantes.

Notes

Contact : BOUTIQUE SOLIDARITE, Avenue Maréchal Joffre 111. 66000 PERPIGNAN. FRANCE. TEL. +33/68.61.55.94. (Monsieur Maillet)

Entretien avec Monsieur MAILLET

Fondation Abbé Pierre - 3-5 rue de Romainville, 75019 Paris, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 55 56 37 00 - Fax : 33 (0)1 55 56 37 01 - France - www.fondation-abbe-pierre.fr - si (@) fondation-abbe-pierre.fr

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