12 / 1994
Au cours de ces dernières années, diverses expériences d’autogestion ont été menées dans les bidonvilles de Sao Paulo. Des logements destinés à des groupes d’habitants économiquement faibles bénéficient d’un financement public, mais sont gérés par des coopératives ou des associations qui favorisent la participation de la population à leur construction et à leur gestion. Grâce au développement du travail communautaire et à des aides extérieures (l’Eglise catholique, volontaires liés aux universités et aux partis politiques d’opposition)ont été réalisés les projets de "travail en mutirao", c’est-à-dire avec des personnes qui se groupent pour construire ensemble des habitations identiques et les répartir ensuite entre elles par tirage au sort. Résultats : une amélioration sensible des conditions de vie des habitants et en particulier :
- Le renforcement des liens de solidarité entre les membres de la communauté qui s’unissent en tant qu’acteurs pour faire face à leurs problèmes communs et delà, le sentiment d’une plus grande sécurité et la prise de conscience de l’acquisition d’un certain pouvoir.
- Le développement du sens critique à l’égard de l’Etat et la progression de l’idée de citoyenneté.
- La révélation de capacités créatives dans la recherche des solutions les plus adaptées et les moins onéreuses.
- La possibilité pour les femmes de la communauté de jouer elles aussi leur rôle dans la réalisation des projets (démarches administratives, mise en place des services d’intérêt social).
- L’accès à un processus permanent d’apprentissage (formation de la main d’oeuvre)mais aussi d’éducation pour tous les participants.
Deux expériences concrètes sont présentées :
- L’une située à Heliopolis (un bidonville qui abrite plus de 50.000 personnes)où les habitants entrent en lutte d’abord pour participer à l’élaboration du projet de logement social promis, une fois les terrains acquis par la Préfecture, puis pour assurer la construction de leurs maisons, les services d’infrastructure étant pris en charge par des entreprises. C’est ainsi que quatre "mutiroes" furent créés pour 200 unités d’habitation. D’autres initiatives ont été prises en faveur de la population : implantation d’une fabrique de béton armé, d’une boulangerie ou encore d’équipements (crèches, centres pour la jeunesse, bibliothèques, station de radio populaire).
- La seconde expérience à Cachoerinha Leste fut le premier projet cohérent de construction d’habitations réalisé par aide mutuelle : il porte sur 1.100 logements. La participation et l’engagement des constructeurs-usagers y sont encore plus accentués que ce soit dans la production de l’habitat, la fabrication de matériaux sur le chantier, l’aménagement de l’environnement (coopératives auto-gérées, crèches et cuisines communautaires), etc.
Ces projets ont pu être menés à bien en raison d’une attribution importante de crédits par la Préfecture.
acteur social, autogestion, logement social, bidonville, habitat populaire, urbanisation, participation populaire, travail communautaire
, Brésil, São Paulo
Ces expériences sont à l’origine de l’accroissement d’une conscience politique collective et de l’apprentissage de l’autogestion tant au sein de la population que chez les dirigeants, mais aussi d’une lutte des acteurs contre les pesanteurs de l’administration publique. Elle dénotent aussi l’aspiration à un nouveau style de vie urbaine et de rapports entre la communauté, les services publics et les entreprises privées, différents de ceux hérités de la culture paternaliste locale.
Intervention au colloque "Transformations sociales : processus et acteurs", Perpignan, 1994, organisé par l’ARCI et l’Université de Perpignan.
Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…
AMARAL DE SAMPAIO, Ruth
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